L'actuel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, a affirmé vendredi vouloir aller "le plus tôt possible aux élections", s'affichant de plus en plus en présidentiable dans l'attente de voir validée une feuille de route africaine pour la sortie de crise.
"Madagascar a besoin de paix et de stabilité. Il faut aller le plus tôt possible vers les élections, avant le 30 novembre (début de la saison des pluies)", déclare le président de la Haute autorité de transition du pays, dans un entretien accordé à l'AFP, la radio RFI et la chaîne Africa 24.
Le jeune dirigeant, âgé de 36 ans, achève à Paris une mini-tournée qui l'avait mené auparavant en Turquie, pour une réunion de l'ONU sur le développement. En France, il s'est assuré du soutien de Paris et de l'Organisation de la Francophonie avant un sommet le 20 mai de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
A Windhoek, la SADC doit se prononcer sur la dernière tentative en date de sortie de crise, une "feuille de route" proposée par ses médiateurs qui reconnaît M. Rajoelina comme président de la transition jusqu’aux prochaines élections sans toutefois fixer de calendrier.
Ce document a été paraphé par huit groupements politiques et rejeté par les mouvances du président renversé en mars 2009 Marc Ravalomanana et des ex-présidents Albert Zafy et Didier Ratsiraka.
Madagascar est plongé dans une grave crise politique depuis la prise de pouvoir d'Andry Rajoelina, alors maire de la capitale, avec le soutien de l'armée.
"Je pense qu'ils sauront prendre la bonne décision", veut croire Andry Rajoelina à propos des Etats membres de la SADC. Il plaide notamment pour que l'Afrique du Sud, où son rival Marc Ravalomanana vit en exil, "prenne en compte les aspirations du peuple malgache".
"Aujourd'hui, ce que la communauté internationale a le droit d'exiger, ce sont des élections libres et transparentes", dont la date ne pourra être fixée qu'après un feu vert au sommet de Windhoek.
S'il refuse encore de se dévoiler explicitement, le dirigeant malgache semble s'installer un peu plus chaque jour dans la peau d'un candidat à la présidentielle. Le visage reste juvénile, mais le ton se fait plus ferme.
"Je sais que je dois apporter ma contribution. Je sais que je serai élu président de Madagascar, pour les élections à venir ou dans 5 ans", dit-il, répétant que "rien" dans la feuille de route ou la nouvelle Constitution malgache ne l'empêche de se présenter.
Sous le coup depuis deux ans de sanctions internationales, Andry Rajoelina se félicite de son bilan: "Malgré les sanctions, on a pu honorer nos dettes et faire tourner la machine administrative à Madagascar, et payer les fonctionnaires. Nous avons atteint notre objectif".
Interrogé sur ce qu'il doit à l'armée qui l'a porté au pouvoir, le jeune dirigeant reconnaît qu'il doit "ménager" les militaires et assure qu'il a la confiance de l'appareil sécuritaire.
A l'évocation du putsch manqué de novembre, il parle de "quelques têtes brûlées" qui "ne sont pas allées loin", et "n'ont pas été suivies".
S'il est prêt à reconnaître que des progrès certains restent à accomplir pour développer le pays et éradiquer la corruption, en n'épargnant personne "du chef de quartier au palais" présidentiel, il est intraitable concernant son rival.
Interrogé sur l'éventualité d'une amnistie qui permettrait à Marc Ravalomanana (condamné à la perpétuité pour une fusillade de la garde présidentielle qui avait tué 11 manifestants en 2009) de se présenter à la présidentielle, il est resté inflexible: "tout crime de sang n'est pas amnistiable. Nous sommes d'accord pour le pardon, mais pas pour l'impunité".
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