VAOVAO TVM MIVANTANA

TVM EN DIRECTE.

VAOVAO

.

.

VAOVAO

jeudi 10 novembre 2011

Le patrouilleur français " Floréal " à quai à Madagascar

Floréal " est amarré au port de Diégo-Suarez depuis samedi dernier. Le patrouilleur a eu droit à une cérémonie officielle à laquelle prenaient part des officiels malgaches et français. Son escale dans la ville du Nord de Madagascar intervient seulement quinze jours après le passage de la frégate française " Le Nivôse " pour raison technique. Le journal local l’Express salue " un événement qui n’a jamais eu lieu " depuis le début de la crise dans la Grande île. 
Le patrouilleur français " Floréal " à quai à Madagascar


Le " Floréal " qui transportait à son bord 100 marins, dont 10 femmes, a jeté l’ancre au port  fraîchement réhabilité de Diégo ce samedi 5 novembre. L’arrivée du bateau a été accueillie dans une ambiance de fête, d’autant qu’un Malgache  natif  de la ville figure parmi l’équipage.
 
 
Les  autorités régionales, civiles et militaires, conduites par les  parlementaires Patrick Monibou et Jocelyne Rahelihanta ainsi que le chef  de région Romuald Bezara ont été invitées à bord du Floréal par le  capitaine de frégate Christophe Pasco et son équipage pour un cocktail  convivial ", rapporte le quotidien l’Express de Madagascar.
 
 
Cette cérémonie qui a duré deux heures a également vu la présence des résidents français ainsi que des coopérants militaires emmenés par le consul honoraire de Diégo-Suarez, Jean Pierre Manant. 
 
 
Mise à part cette réception officielle, c’est toute la ville portuaire qui était en effervescence. Une série de visites à bord du navire a été organisée à l’intention de la population, en particulier des écoliers et collégiens. Parallèlement, les opérateurs économiques locaux se sont mobilisés pour profiter de cette manne touristique. " Restaurateurs et artisans,  tours opérators et artistes, tous ont contribué à faire de la présence  des marins dans la capitale du Nord un événement inoubliable ", relate le journal malgache. " Naviguer  sur l’océan Indien sans faire escale à Diégo-Suarez   serait très regrettable  pour nous ", se réjouit le commandant du Floréal qui accoste pour la première fois à Madagascar. 
 
 
Le bateau de surveillance " Floréal ", mesurant 93,50m de long, 14m de large et 2950 tonnes de déplacements,   est armé de missiles anti-navires exocet (MM38), d’un canon de 100m et  de deux mitrailleuses 20mm F2. Il a aussi à son bord un hélicoptère de type Panther. Le bâtiment, qui participe régulièrement à la  surveillance des pêches dans les Terres Australes et Antarctiques  Françaises (TAAF), est basé à l’Île de La Réunion, au Port des Galets, et traverse tout l’océan Indien durant l’année.
 



Madagascar : un tiers des espèces de reptiles terrestres sont menacés

Un tiers des espèces de reptiles terrestres malgaches sont menacé et nécessitent des protections, a indiqué jeudi la Conservation International de Madagacsar


Madagascar : un tiers des espèces de reptiles terrestres sont menacés
Caméléon d'Oustalet, Ambalavao, Madagascar

Citant la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), cette ONG a indiqué qu'à l'heure actuelle, 113 espèces de reptiles terrestres malgaches sont répertoriées dans cette liste rouge de l'UICN alors qu'en 2010, 82 espèces de reptiles malgaches y ont été répertoriées parmi les 323 existantes dans toute la grande île.

Parmi ces espèces menacées, 113 reptiles, soit 34%, sont classés dans les trois catégories des espèces globalement menacées dont celles en danger critique d'extinction, celle en danger et celle vulnérables.
Ces reptiles malgaches sont subdivisées en quatre groupes notamment les caméléons, les lézards, les geckos et les serpentés.
D'après cette liste rouge, sur les 76 espèces de caméléons, 41 sont classées dans les catégories des espèces globalement menacées dont 4 en voie d'extinction. Les caméléons représentent pourtant les animaux les plus attractifs pour l'écotourisme.
Quant aux lézards, 24 sur les 81 sont classés dans la catégorie des espèces globalement menacées dont 4 espèces sont en voie d'extinction qui se trouvent seulement dans la forêt littorale d'Orangea (au nord du pays) qui vient d'être développée en une nouvelle aire protégée et l'aire protégée du Péninsule de Sahamalaza (dans le nord-ouest).

Concernant les geckos, 33 espèces sur les 88 sont dans les catégories des espèces globalement menacées dont 5 sont classées en danger critique d'extinction qui sont localisés seulement dans le massif de l'Ankaratra (dans le centre sud du pays) qui est en cours de protection et dans la forêt humide dégradée de Fiadanana (dans le sud-est de Madagascar) où aucune mesure de conservation n'est encore prise.

Pour le cas des serpents, 15 sur 78 espèces sont classées dans la catégorie des espèces globalement menacées incluant 3 en voie d'extinction où certaines sont connue seulement dans les forêts humides d'Andasibe (à l'est du pays) et d'autre localisé dans une seule localité de la baie de Sakalava (au nord-ouest).

Selon les organismes oeuvrant dans le domaine de la préservation de la biodiversité, les principales menaces identifiées pour les espèces de reptiles malgaches sont la perte de l'habitat suite à l'exploitation irrationnelle des bois, la fabrication des charbons de bois, la transformation de l'habitat naturel en terrain d'agriculture, le surpâturage et les feux de brousse.
La liste rouge de l'UICN a été sortie afin servir de référence pour les institutions et les organismes oeuvrant dans le domaine de la préservation de la biodiversité pour leur prochaine protection.


Les esclaves oubliés de la Grande Île refont surface


L'île de Tromelin fut la planche de salut d'esclaves malgaches naufragés et abandonnés. Des fouilles archéologiques exhument leur histoire singulière et taboue à Madagascar.

L'île de Tromelin

Jamais à Madagascar, Bako Rasoarifetra n’en avait entendu parler. Jamais, cette archéologue et muséologue de renom à Antananarivo, la capitale malgache, n’avait eu vent de la tragique aventure des esclaves oubliés sur l’île de Tromelin. Mais en 2009, dès qu’elle apprend qu’une équipe française a commencé des fouilles à Tromelin, situé à 450 kilomètres à l'est de la Grande Île, Bako Rasoarifetra veut être de la partie.  
Le 31 juillet 1761, l’Utile, navire négrier de la Compagnie des Indes, parti de Madagascar, fait naufrage sur les récifs coralliens d’un minuscule îlot sablonneux, sans arbres et végétation, perdu dans l’océan Indien. Après être parvenus à construire une embarcation de fortune avec les restes de l’épave, les cent vingt deux hommes d’équipage quittent l’île. Ils laissent derrière eux une soixantaine d’esclaves avec la promesse qu’un bateau viendra bientôt les secourir. Promesse non tenue. Ce n’est que quinze ans plus tard, en 1776, qu’une corvette récupère les huit esclaves survivants: sept femmes et un enfant de huit mois qui sera baptisé Moïse.

Libres et livrés à eux-mêmes

Pendant plus de deux siècles, les seuls vestiges à témoigner de cette présence humaine se résumeront à une ancre et trois canons. Passionné par l’histoire de l’esclavage, un ancien officier de Marine, Max Guérout, âgé de 73 ans, est alerté par un météorologue travaillant sur l’île de Tromelin qui le convainc qu’il y a là un terrain scientifique exceptionnel. Débute une longue bataille pour réunir des fonds, des soutiens et des hommes et lancer une première campagne de fouilles. Ce sera en 2006, avec l’archéologue Thomas Romon, mis à disposition par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Objectif: comprendre comment ces esclaves malgaches ont pu survivre sur cette bande de terre d’un kilomètre carré exposée aux intempéries, aux remous et aux cyclones. L’université d’Antananarivo par son Institut de Civilisations/Musée d’Art et d’Archéologie donne feu vert pour que Bako Rasoarifetra puisse se joindre à la troisième et dernière campagne de fouilles qui a eu lieu en novembre dernier.
«Imaginez-vous ces esclaves, raconte l’archéologue malgache: ils sont sous le coup de quatre chocs psychologiques. Libres, ils avaient été volés et réduits à l’esclavage; puis ils ont échappé à la mort et à la noyade lors du naufrage; ensuite, il leur a fallu survivre sur cette île déserte alors que probablement certains d’entre eux n’avaient jamais vécu près de la mer mais sur les Hautes Terres centrales de Madagascar; et abandonnés, ils se retrouvaient comme emprisonnés au milieu de l’océan, dans une attente interminable.»
Malgré les aléas climatiques —tous les objets collectés en témoignent—, ces hommes et ces femmes ont fait preuve d’une énergie et créativité formidables. «Pour les Malgaches, ne plus avoir d’activité, ne plus travailler c’est être morts. Et les fouilles ont prouvé que ces anciens esclaves avaient mis toutes leurs forces pour combattre et vivre à tout prix», analyse Bako Rasoarifetra.

Un symbole ultime de liberté

Exemple: la «pointe-démêloir» que l’équipe découvre dans les sables. Une grande émotion pour Bako Rasoarifetra, qui établit le lien entre les gestes d’aujourd’hui et ceux d’hier:
«Nous, les femmes malgaches, avons pour tradition de séparer nos cheveux avec cet outil que les hommes nous offrent. Or les femmes esclaves avaient la tête rasée; rendues à la liberté, elles ont donc laissé pousser leurs cheveux et les hommes leur ont confectionné cette pointe-démêloir. C’est, à mes yeux, un symbole ultime de liberté sur cette île loin de tout!»
La présence de l’archéologue malgache est précieuse pour l’équipe dirigée par Max Guérout: «Nous avions besoin de ses connaissances, pour travailler sur l’habitat par exemple, et surtout de sa sensibilité malgache». Et Bako d’ajouter en riant:
«Parmi toute cette équipe d’hommes, costauds et grands, ma petite taille me permettait de me glisser dans les cavités que l’on mettait à jour! Et il est vrai que les objets découverts me "parlaient" sans doute plus; je sais la philosophie de la vie, le mode de pensée qu’ils pouvaient révéler».
D’ailleurs, Bako Rasoarifetra a voulu tenir une petite cérémonie d’hommage aux morts, une femme et un homme, dont l’équipe a mis au jour les squelettes. «Nous n’avons pas retrouvé les sépultures mais il est important de procéder aux deuxièmes funérailles, car on entretient ainsi le souvenir, on réveille la mémoire; ceux qui meurent sont nos ancêtres et continuent à nous protéger, nous devons les honorer», a-t- elle expliqué aux membres français de l’équipe qui l’ont assistée dans la cérémonie.

Le tabou de l'esclavage

Bako Rasoarifetra regrette que cette page d’histoire soit si peu connue dans son pays. «La restitution de la mémoire de l’esclavage malgache, voilà ce qui m’intéresse, dit-elle. Certes nous avons déjà tenu deux colloques sur ce thème mais le sujet est encore tabou pour ceux qui descendent d’esclaves, ils éprouvent une forme de "complexe" à reconnaitre leurs ancêtres». Ce tabou fait sans doute aussi écho aux divisions sociales de la société malgache, avec tout en bas de la hiérarchie les andevos (descendants d’esclaves) dont le statut contredit quelque peu le mythe du fihavanana, un terme qui désigne la solidarité et l'entraide en tant que valeur fondamentale du lien social entre les Malgaches.
«Il y a une réticence à parler de l’esclavage à Madagascar. Dans le cas des esclaves de Tromelin, c’est encore plus vrai car ce ne sont pas des andevos qui ont été vendus mais des "Noirs java", descendants malgaches d’Indonésiens provenant des Hauts-Plateaux. De plus, les organisateurs de ce trafic étaient eux mêmes des habitants des Hautes Terres, ce qui veut dire que l’esclavage était sans doute plus pratiqué et répandu qu’on ne le croit», explique Max Guérout, le chef de mission.
De retour à Antananarivo, Bako Rasoarifetra veut y raconter l’aventure des esclaves oubliés. Elle espère aussi organiser un jour une exposition qui témoignerait de leur combativité. Un bel hommage, plus fort que les tabous peut-être?
Ariane Bonzon