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mercredi 29 juin 2011

Madagascar/Etats-Unis: L’AGOA, toujours menacée de suspension


« Tier 3 ». A travers ce classement du plus bas niveau en matière de traite des personnes publié dans le rapport mondial sur le sujet, Madagascar est menacé par les Américains de la poursuite de la suspension des aides non humanitaires et non liées au commerce.
Dans le communiqué y afférent, l’on peut lire : « Madagascar a chuté jusqu’au plus bas niveau,  « Tier 3 », ce qui signifie qu'il peut être exposé à des restrictions légales pour l'année financière ultérieure en ce qui concerne l'aide étrangère non humanitaire et non liée au commerce et, dans certaines circonstances, la retenue de fonds pour la participation des représentants ou employés du gouvernement aux programmes d'échanges éducatifs et culturels. En outre, le président (celui des Etats-Unis) peut charger les directeurs exécutifs des États-Unis aux institutions financières internationales de refuser les prêts ou toute autre utilisation de fonds (autres que pour des raisons humanitaires, liées au commerce, ou certains types d'aide au développement) pour les pays au niveau « Tier 3 ». Il ressort de ces nouvelles menaces brandies par les Etats-Unis que le retour des exportations de Madagascar sous l’AGOA n’est pas encore pour demain.
Rappelons qu’environ la moitié des exportations du secteur textile des entreprises franches était destinée au marché américain avant la crise politique malgache. La suppression brusque des avantages procurés par cette loi américaine dont la franchise douanière et l’absence de quotas, a conduit à la fermeture de plusieurs unités de la zone franche et à la suppression de plusieurs milliers d’emplois. Résultat : le secteur informel se développe beaucoup et compte 65% des actifs selon les données de la Banque mondiale et cette situation est le reflet des licenciements massifs dans la zone franche, notamment dans la capitale. Et qui dit informel dit emplois précaires assortis de conditions également précaires et souvent mauvaises. Malgré tout, les Etats-Unis semblent ne pas prendre en compte cette donne qui a toutefois des facettes humanitaires. Au contraire, ils durcissent leur position par rapport à la crise à Madagascar et sont donc prêts à infliger de nouvelles sanctions au pays.
Certes, la Grande Ile a du mal à juguler les problèmes liés aux employés malgaches qui travaillent au Liban, mais cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Il faut aussi relever qu’à travers le rapport sur la traite des personnes, les Etats-Unis veulent « stimuler l’action et créer des partenariats à travers le monde dans la lutte contre l’esclavage moderne ». Il faut seulement remarquer que depuis 2009, les USA deviennent de plus en plus agressifs vis-à-vis de Madagascar. Il faut seulement rappeler que s’ils continuent de pointer du doigt « le putsch » du 17 mars 2009 et de refuser catégoriquement de changer de position par rapport à la crise malgache, il faut aussi souligner que les Etats-Unis sont loin de jouer la transparence et la démocratie : ils n’ont produit aucun rapport sur la clôture prématurée du projet MCA. Si ledit rapport existe, il n’a pas été publié. En ce qui concerne les aides, les Etats-Unis arrivent en 3ème position en ce qui concerne les fonds non remboursables.

SIMAO, CHISSANO ET SALOMAO…: Suscitent de plus en plus de soupçons !

Etonnement et incrédulité, en entendant Leonardo Simao énumérer les étapes que devrait parcourir la feuille de route : en premier, le GIC (Groupe International de Contact) en un lieu qui n’a pas été précisé, or cette instance composée de Tiébilé Dramé (ONU), Ablassé Ouedraogo (UA) et Edem Kodjo (OIF) a été dissoute, les anciens membres étant aujourd’hui dispersés de par le monde. Ensuite, le Conseil de Paix et de Sécurité de la Sadc, peut-être au siège de Gaborone (Botswana) et enfin les Nations Unies à New-York. Etonnement, car dans les crises en cours ou terminées, comme celle du Zimbabwe (signature de la feuille de route le 15 septembre 2008) ou celle de la Mauritanie (signature le 5 juillet 2009), la feuille de route n’a pas effectué une randonnée aussi lointaine. Il est vrai que pour ces hauts fonctionnaires de la Sadc, le voyage à New-York permet de joindre l’agréable et le… juteux.
En fait, dans l’île et notamment du côté de l’opposition, des soupçons de plus en plus insistants sont dirigés vers le « clan des Mozambicains », c’est-à-dire les trois ressortissants du Mozambique qui ont en charge la résolution de la crise malgache : Joaquim Chissano, médiateur officiel de la Sadc, Tomas Salomao, secrétaire exécutif de la Sadc et Leonardo Simao, émissaire spécial de Chissano. Les trois personnalités se connaissent très bien car font partie du parti de gouvernement mozambicain, le Frelimo. Ensuite, du temps où Joaquim Chissano fut chef d’Etat, le médecin Leonardo Simao fut son ministre des Affaires étrangères tandis que l’économiste Tomas Salomao fut son ministre des Finances. Ce trio est plutôt mortifié par une crise malgache qui fait du surplace, situation qui jette le discrédit et même la honte sur le Mozambique, pays à qui la médiation et la résolution de la crise ont été confiées.
Pour redorer le blason du Mozambique et rétablir le rayonnement de Joaquim Chissano, le clan a peut-être pris le parti d’imprimer un grand bond en avant au dénouement de la crise de la manière suivante : s’appuyer surtout sur la mouvance au pouvoir qui a conçu la feuille de route, et écarter l’opposition qui est hostile au document. Plutôt que d’engager un dialogue sérieux avec les trois mouvances, le trio mise sur le régime de transition et décide de lui accorder la part belle. Il pousse donc à fond la feuille de route, et pour impressionner l’opposition et la population (et pour réduire celles-ci au silence), il multiplie les instances internationales qui cautionnent le document, comme cité ci-dessus…
Deuxième manœuvre : neutraliser la conférence des chefs d’Etat de la Sadc dont les motions perturbent la sortie de crise selon le schéma voulu, et donner à celles-ci une interprétation qui va dans le sens de la voie tracée. Ainsi, le 11 juin à Sandton, le sommet des chefs d’Etat de la Sadc a décidé dans un communiqué le retour sans condition des exilés, et en gros d’assurer la possibilité pour eux de prendre part aux élections, « y compris Marc Ravalomanana ». La Sadc ayant été interrogée sur le sens réel de cet écrit, c’est Tomas Salomao, membre du trio qui prend la plume et indique le 17 juin que « monsieur Marc Ravalomanana ne pourra rentrer à Madagascar qu’après l’instauration d’un environnement politique et sécuritaire favorable ». C’était changer du tout au tout la formulation faite six jours plus tôt par les chefs d’Etat, mais comme ceux-ci se sont déjà dispersés et sont accaparés dans leurs pays par leurs tâches, le trio peut agir à sa guise…
En tout cas, sentant que le cas Ravalomanana peut faire capoter le processus de sortie de crise qu’il a dessiné, le trio, par la voix de Leonardo Simao, fournit des indications auxquelles le sommet des chefs d’Etat de la Sadc est étranger, comme l’impossibilité pour les forces de la Sadc d’escorter l’ex-chef d’Etat lors de son retour au pays, ou le fait de soumettre l’amnistie de ce dernier au Parlement de Transition.
Sur ce dernier point, dans le CST et le CT où tous les membres ont été nommés par Andry Rajoelina, une proposition d’amnistie de Marc Ravalomanana ne peut qu’être rejetée. Plutôt que de s’en remettre aux interprétations tendancieuses et intéressées de l’un ou l’autre élément du trio, le mieux serait peut-être de poser les questions appropriées à la Sadc et d’attendre les réponses émanant du prochain sommet des chefs d’Etat, en août à Luanda (Angola).
En tout cas au sein de la Sadc, ce sont les chefs d’Etat qui ont le dernier mot et non les mandataires. Qui sait, comme le trio a trois membres, il se prend pour la… troïka.