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jeudi 26 août 2010

Et maintenant que fait-on ?

On ne reviendra pas sur l’art et la manière ni les méthodes ayant conduit à la signature de l’accord « politique » présenté comme la solution ultime en vue de sortir Madagascar des affres et des vicissitudes provoqués par une poignée d’aventuriers égocentriques, d’intrigants imbus de leur personne et d’hommes de loi maitres de l’illusion.

Cependant, le fait que ce soit ceux qui ont conduit à la situation actuelle - de part leurs mentalités, leurs décisions et leurs actions, processus dont tout le monde connait les tenants et les aboutissants - qui se targuent d’apporter une solution à leurs propres forfaitures, constitue non seulement un non-sens et une contradiction, mais plus grave, apporte également la preuve et la confirmation des dérives « autocratiques » des dirigeants de la transition et de leurs affiliés.

Le fait est qu’aucune alternative ne semble pour le moment se dessiner, puisque l’unilatéralisme - drapé et sous couvert d’un accord dont les protagonistes n’ont finalement jamais été en désaccord, ni sur la forme ni sur le fond, sur la façon de détourner à leur unique profit les attributions et les privilèges qu’offre le pouvoir - semble être redevenu, une fois de plus, la seule réponse à une situation inextricable, dont les conséquences sont pourtant d’une extrême gravité sur l’état psychologique et physiologique d’une population malgache qui ne cesse de s’enfoncer dans une spirale de violence s’exprimant sous toutes ses formes.

L’égoïsme mais surtout la pauvreté d’esprit et l’incurie du ramassis de « vermines », et nous pesons nos mots, que compte le personnel politique malgache - surtout ceux au service de l’actuelle transition - a une fois de plus mis toute l’étendue de leur talent d’agents corrupteurs - dans le sens pathogène du terme - et de personnels corrompus - dans le sens d’auxiliaires, voire de domestiques serviles « bêtes et méchants » - à figer et à renforcer un système politique basé sur le vol, le pillage, l’extorsion, les intimidations et la prestidigitation en matière de gouvernance.

Faut-il pour autant jeter l’éponge et laisser définitivement la place aux prédateurs et autres charognards ? Certainement pas !

Nous le disions déjà du temps de Marc Ravalomanana : « Madagascar n’appartient pas à un seul homme, ni à une corporation, ni à une entité quelconque, la Nation appartient à tous les Malgaches ». C’est pourquoi l’heure est venue d’en finir avec cette pâle et grotesque copie de démocratie.

Tout d’abord il faut arrêter de croire que Marc Ravalomanana et le TIM, ou ce qu’il en reste, constituent une menace. Marc Ravalomanana ne rééditera pas l’exploit de Didier Ratsiraka. Sa gouvernance autocratique et son goût immodéré pour la mégalomanie ont laissé des traces indélébiles à la surface de Madagascar. Chacun peut encore s’en rendre compte à divers endroits du territoire.
De ce fait, le souvenir des sept (7) années de gouvernance de l’ « illuminé » n’est pas prêt de s’effacer ni même de s’estomper. Le travail de lobbying de ses plus fervents fanatiques qui vivent tous pour la plupart à l’extérieur de Madagascar, se heurtent à la réalité du terrain et au rejet systématique qu’expriment spontanément ceux que ces mêmes fanatiques considèrent péjorativement comme le « petit peuple ».

Les dirigeants de la transition continuent pourtant de faire usage de ce prétexte, de cette menace improbable, dans le seul but d’entretenir la confusion et de tirer partie de cette situation pour peaufiner leur stratégie de manipulation de l’opinion publique. Or le plus grave, c’est que derrière cette mystification, se cachent d’anciens très proches collaborateurs et conseillers de Marc Ravalomanana dont les Norbert Ratsirahonana et autres Zaza Ramandimbiarison qui eux n’ont pas encore été inquiétés pour leur idéologie, leurs méthodes, leurs actions et pour les conséquences qui en ont découlé et en découlent encore sur l’état général de Madagascar.

Il ne faut pourtant pas y voir de leur part une animosité maladive vis-à-vis de Marc Ravalomanana et de ce qu’il reste de sa machine politique le TIM ; La preuve en est le rapprochement cousu de fil blanc d’une frange de ce parti moribond avec l’idéologie et la stratégie de la HAT. Au-delà du symbole et de l’effet recherché en termes de manipulation de l’opinion publique, il s’agit surtout de préserver et de pérenniser ce qui a été acquit, c’est-à-dire ce « pouvoir » arraché des mains des « adversaires » de toujours.

En effet, il vaut mieux sacrifier Marc Ravalomanana, quitte à en faire un bouc-émissaire, que de risquer de tout perdre en feignant l’indifférence et l’oubli, ce qui aurait du être normalement le cas vu la décrépitude du TIM et l’impopularité toujours tenace de Marc Ravalomanana.

Mais alors quel est le rôle exact du président de la transition dans cette machination ?

La description que font de lui ses pires détracteurs est en partie vraie, notamment en ce qui concerne les limites de ses compétences et la portée de son aura politique. Mais sa chance et son utilité, il la doit surtout à son ascendance et en partie aux fonctions qu’il occupait au plus fort de la contestation contre le pouvoir de Marc Ravalomanana.

On ne peut pas dire que l’adversaire principal de Marc Ravalomanana était de ce fait tout trouvé, cela serait trop simple. L’astuce et les calculs politiques résident donc plutôt dans l’origine ethnique de l’ancien Maire de la capitale et de ce qu’on pouvait en faire à ce moment là.

Car même si Marc Ravalomanana se trouvait déjà dans une situation de non retour, il était impensable - pour ceux qui avaient hissé Marc Ravalomanana à ses fonctions de président de la République, et qui dans le même temps se préparaient à le lâcher définitivement sous la pression toujours plus forte de l’opinion publique - de laisser officiellement les rennes de la contestation à un Zafy Albert par exemple, alors même que d’un point de vue politique et médiatique, il est celui qui a toujours ouvertement défié Marc Ravalomanana et son régime, en tout cas sur le terrain, cela à travers ses nombreux déplacements en province, notamment durant les quelques mois qui ont précédé la chute de Marc Ravalomanana.

Par conséquent, il y eut un petit moment de flottement symbolisé par l’immobilisme et l’attentisme de la population de la capitale. C’est à ce moment-là que s’est insidieusement propagée l’idée que seule une personne de la même origine ethnique que Marc Ravalomanana pouvait réellement en venir à bout, rapidement, et le renverser, définitivement.

L’objectif immédiat n’était évidemment pas de faire basculer l’opinion tananarivienne comme on aime à le faire croire – Marc Ravalomanana dans sa bêtise et son illumination s’en est chargé lui-même en intensifiant ses représailles qui, à ce moment-là, prenaient littéralement une tournure sanglante - mais indubitablement de s’assurer que le pouvoir ne bascule pas de nouveau dans les mains des « adversaires » de toujours.

A la manœuvre évidemment Norbert Ratsirahonana et son idéologie xénophobe et ses alliés et bras armés que sont par exemple les Alain Ramaroson et consorts.

Conséquences immédiates de cette stratégie, alors que l’actuel président de la transition avait effectué plusieurs déplacements à l’étranger, notamment en France pour chercher soutiens et recommandations, notamment auprès des exilés politiques qui le lui ont bien rendu en offrant leur aide, leur avis et l’appui de leurs réseaux étrangers et locaux, le président de la transition a finalement cédé aux sirènes de l’idéologie xénophobe de Norbert Ratsirahonana qui, on n’en doute pas, lui aura certainement promis « monts et merveilles », comme il l’avait fait en 2002 lors de l’accession sanglante de Marc Ravalomanana au pouvoir.

Malheureusement, les dérives du président de la transition ont commencé dès ce moment-là, par exemple en tentant d’empêcher le retour de Pierrot Rajaonarivelo comme l’avait auparavant fait Marc Ravalomanana. A la manœuvre, ce jour mémorable d’avril 2009, à l’aéroport de Port-Louis à Maurice, un certain Augustin Andriamananoro, fraichement nommé ministre des Télécommunications, dépêché et missionné pour dissuader l’ancien vice-premier ministre d’embarquer dans l’avion devant l’emmener dans son pays. En autres arguments de ce messager de mauvais augure, la promesse qu’une amnistie générale serait prononcée par le président de la transition pour tous les exilés politiques deux mois plus tard, à l’occasion de la fête nationale du 26 juin et qu’avant cette date, il était déconseillé de rentrer. Nous connaissons la suite… Les témoins de cette scène qui s’est déroulée entre deux portes de détection n’en sont pas revenus, à tel point que le commandant de bord de l’avion, cloué sur le tarmac en attendant une autorisation officielle de décoller, a haussé le ton en signifiant au pauvre ministre qu’ « il n’allait quand même pas rééditer les mêmes bêtises qui ont en partie conduit au renversement du régime de Marc Ravalomanana ».

Faut-il pour autant dédouaner le président de la transition ? Non, car malgré son manque d’expérience flagrant en matière politique, il ne s’est pas moins révélé être un prédateur vorace en matière économique, et sa responsabilité est clairement engagée dans les multiples affaires qui secouent actuellement l’actualité de Madagascar. Pris la main dans le sac, il l’a été notamment avec la nomination de son propre père en tant que conseiller spécial de la société SUNPEC du Dr HUI CHI MING, même si depuis peu, celui-ci a été contraint de démissionner. Les révélations du ministre des Télécommunications, limogés officiellement pour non respect de la solidarité gouvernementale, ajoute encore à l’ardoise déjà chargée du président de la Transition, qui, parait-il, se croit au-dessus des lois.

A vouloir se laisser dicter sa conduite politique par des conseillers comme Norbert Ratsirahonana, le président de la HAT est entrain de se déconnecter de plus en plus des réalités. Sa popularité auprès de l’opinion publique n’est plus que portion congrue du fait de ses multiples volte-face, de son indécision chronique. Son mal être est palpable, ses interventions publiques, surtout télévisées, en sont la parfaite illustration.

La stratégie de rapprochement, notamment avec le TIM, outil pour convaincre la communauté internationale de la volonté de parvenir à une solution inclusive, apparait clairement comme un petit arrangement entre « amis ». A côté de cela, Roland Ratsiraka et un certain nombre de sous-fifres rivalisent en déclaration sensée démontrer qu’ils maitrisent la situation et qu’ils sont considérés comme de véritables partenaires, maitres de leurs décisions ; alors même qu’il apparait clairement qu’ils sont eux-mêmes manipulés et appâtés par la promesse de jouer un grand rôle qui mériterait nécessairement une rétribution à la hauteur. Sachant l’appétit et le goût immodéré de ce type de politicien pour la « politique du ventre », on se doute qu’il n’a pas fallu beaucoup pour les convaincre.

Non content d’agiter des « épouvantails politiques » dont tout le monde connait les qualités réelles une fois que des responsabilités leur sont confiées, on met également en avant des « hâbleurs » du type de Alain Tehindrazanarivelo qui avec son association « Enina » n’a jamais fait dans la dentelle sur la prétendue supériorité intellectuelle de ses membres ; un groupe de prétendus élites tellement arc-bouté sur leurs préjugés qu’il n’ont jamais supporté la moindre critique, surtout lorsqu’elles sont exprimées par la jeunesse, ce qui présage du niveau de tolérance de ce type de personnalité si leur pouvoir se voyait élargit.

Ce casting improbable tend à s’agrandir car la curée semble prendre une nouvelle tournure, or il parait évident que plus il y aura d’appétits à satisfaire, plus on créera de l’instabilité du fait du nombre considérable de personnes et d’autant de prétentions petites ou grandes à satisfaire et à gérer.

Toutefois cette situation est idéale pour au moins deux types personnages. D’abord ceux comme Norbert Ratsirahonana qui manœuvre sur la durée pour peaufiner leur stratégie qui, comme on le sait maintenant, consiste à garder coûte que coûte le pouvoir de diriger Madagascar, pouvoir durement acquis à partir de 2002 et qu’il n’est pas question de rendre aux « adversaires » de toujours. Avec la promesse du président de la transition de ne pas se présenter aux futures élections présidentielles, la situation se complique un peu, cependant on peut compter sur ce véritable dinosaure politique pour mettre en œuvre toutes les stratégies possibles et imaginables pour essayer d’arriver à ses fins. A ce propos et si le président de la transition aurait finalement des velléités de se présenter, qu’il nous explique d’abord quelle est sa véritable date de naissance et qu’en est-il exactement du jugement supplétif y afférent ?

L’autre catégorie inclue généralement tous ceux dont la seule et unique vocation en politique consiste à s’enrichir rapidement et facilement. Et ils sont nombreux ces assistés sociaux et autres politiciens intérimaires prêts à monnayer leurs convictions pour un lopin de pouvoir. Madagascar en produit une quantité industrielle, mais comme toute production de masse, la qualité n’est pas un critère primordial.

La situation semble donc irrémédiablement figée, en tout cas c’est la finalité recherchée à travers la stratégie de la Haute Autorité de Transition. Toutefois, la HAT n’a rien inventé de nouveau en ce qui concerne la confiscation du pouvoir et l’utilisation de la corruption comme outil de persuasion, par conséquent elle finira irrémédiablement par disparaitre comme tous les pouvoirs qui l’ont précédé ; mais cela prendra du temps si on la laisse faire sans réagir et agir vigoureusement à chacune de ses incartades.

On peut toujours évoquer la nécessité d’un véritable « changement », mais cela restera un vœu pieux si on se contente d’énumérer sans cesse des litanies s’agissant du respect et de l’application des valeurs liées aux pratiques démocratiques. Il s’agit maintenant d’ajouter les actes aux paroles.

L’actuelle transition a eu ceci d’utile, c’est qu’elle a permis de démasquer toute une flopée d’opportunistes, dont une bonne partie d’anciens exilés qui s’étaient drapés tout au long de leur exil de la parure des défenseurs de la liberté et de la bonne gouvernance. Or combien sont-ils aujourd’hui à avoir renié toutes ces valeurs, à agir ouvertement à travers nombre de coups tordus, provoquant par la même occasion l’amalgame avec ceux qui ont réellement la volonté de changer les choses.

Bref, il s’agit maintenant pour ces derniers de monter au créneau, de s’affirmer, de ne plus se laisser imposer leur calendrier par un pouvoir en perte de vitesse et, de continuer de convaincre l’opinion publique par le dialogue, les échanges et la participation, de leurs nobles intentions. C’est un travail de tous les jours, nécessitant une organisation sans faille et une volonté à toute épreuve. Evidemment, d’autres opportunistes veulent de nouveau s’accrocher à ce qui pourrait bien être la solution, mais il faut veiller à ce que ceux-ci ne provoquent pas la division et affaiblissent le mouvement en cours.