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samedi 31 juillet 2010

Madagascar : la ruée vers l’or


C’est une montagne isolée du monde à plus de six heures de piste de la route goudronnée la plus proche. Depuis la découverte de pépites d’or, Mangatany attire de nombreux Malgaches. Mais cette ruée a un prix : en fin de semaine dernière, deux chercheurs sont morts pris dans l’éboulement de la galerie où ils travaillaient. Et ce n’est qu’un début si les infrastructures restent aussi limitées.


Pas la peine de chercher Mangatany sur une carte. Ce nom n’y figure pas. Encore moins la peine de chercher une route pour y aller. C’est une piste de terre et de pierre difficilement praticable avec une voiture classique. Si à Antananarivo le nom de Mangatany ne dit rien, ou vaguement quelque chose, à Mahitsy, petite bourgade sur la route de Mahajunga à une vingtaine de kilomètres de la capitale, on en parle avec des pépites dans les yeux. Un boucher de cette commune, caché derrière ses saucisses, lève le pouce comme pour montrer que Mangatany, c’est top. C’est top, mais ça fait aussi frémir. Mangatany on en parle aussi avec la peur au ventre. Ce territoire déjà surnommé Ilakaka 2 en référence aux mines de saphir du sud, est désormais, dit-on, peuplé de bandits de grands chemins prêts à bondir sur les chercheurs d’or pour les dépouiller de leur recette. Ces bandits qu’on appelait jadis “voleurs de zébus”, armés de kalachnikovs, sont souvent d’anciens militaires et gendarmes dont les activités criminelles redoublent depuis la crise de janvier 2009.

Tamis dans la rivière

L’imposant campement de chercheurs d’or s’est installé dans cette brousse en mai dernier. On y vient désormais de toute la Grande Île dans le but de faire fortune… Prenons donc nous aussi la route de ce nouvel El Dorado. Rivo et Rado sont deux jeunes de Mahitsy. Rivo, vêtu d’un tee-shirt sans manche, dit connaître la route. C’est vrai, la dernière – et seule fois— qu’il est allé sur le site, il a voyagé sous une bâche à l’arrière d’un camion qui livrait de la bière THB aux mineurs. Mais il connaît assure-t-il. Il embarque un compagnon, sorte de copilote, pour le voyage à bord d’une Peugeot 305. Le prix convenu est de 250 000 Ariary (92 euros environ). Le plein d’essence de la peugeot 305 fait, les pneus gonflés, deux roues de secours chargées, direction Mangatany. La piste s’emprunte à 4 km de Mahitsy. D’emblée, les roues s’enfoncent dans les nids de poule, les pierres raclent le plancher, la tête heurte le plafond. La piste est longue de 90 km jusqu’à Mangatany. “Dans 3 h 30 maximum, vous y êtes” assure Rivo. Sur la piste de terre rouge, la voiture file bon train quand soudain premier bruit “de truc qui cloche”… Arrêt technique. Rivo et Rado démontent la roue, jouent avec les plaquettes, mettent des bouts de fil de fer, les enlèvent, déplacent les plaquettes. On redémarre. C’est à Maintso que le pilote et son copilote mécanicien s’arrêtent à nouveau en quête de sangles. Un tour de marché, puis ils s’allongent sous la voiture garée en pleine rue de ce village aux allures de décor à la Sergio Léone. Une rue principale de laquelle s’élèvent des nuages de poussière quand un engin motorisé vient à passer par-là. Des boutiques et un monde fou qui regarde les deux jeunes s’affairer, réparer, sangler. La route est encore longue, il faut repartir. La voiture fait de nouveaux bonds. Du goudron vient un peu soulager la 305 dont on se demande bien si elle va pouvoir aller jusqu’au bout. Une descente, un pont de fer, une rivière. Nouvel arrêt. Des silhouettes au loin s’agitent sur une colline, près d’une rivière. Ils sont une cinquantaine. Rivo décrit : “Ce sont des chercheurs d’or.” Mais nous ne sommes pas encore à Mangatany. Il faut continuer sur cette piste de terre rouge. Dans un nuage de poussière qui envahit aussi l’habitâcle, la voiture poursuit même si maintenant, le moteur fuit. Arrêts réguliers au niveau des rivières pour arroser sous le capot, refroidir.

“J’y vais pour vivre mieux”

Elle double tout de même des taxis-brousses bondés qui eux aussi vont vers Mangatany. Les affaires posées en équilibre sur les galeries de ces camions montrent que le séjour pour certains risque d’être long. Très long. D’autres marchent tamis tressé sur l’épaule et seau sur la tête. La ruée vers l’or, c’est bel et bien ici que ça se joue et maintenant ! Les heures défilent dans l’auto et le jour décline. “Mangatany est derrière cette colline” explique un villageois une heure après avoir dépassé Firavahana dans le district de Fenoarivobe. Les villages alentours sont comme fantômes. Les cases aux toits de chaume apparaissent inhabitées. Les habitants ont délaissé l’agriculture et ont pris la direction de cette colline bénie d’Ankaraoka où trône désormais le campement de Mangatany. Ils sont ainsi des dizaines de milliers. Selon différentes sources les chiffres varient de 12000 à 40000 chercheurs d’or. La carrière s’étend là. “J’y vais pour vivre mieux” annonce cet homme en route pour son El Dorado. Sur le site, il y a de nombreuses tentes de fortune. Et pour se distraire, on a fait amener un babyfoot fabriqué dans la région d’Ambatolampy, au sud d’Antananarivo. Il n’y a pas encore de boutique sur le site, comme à Ilakaka. Dans une rivière à 600 mètres de la carrière, les femmes et les enfants s’affairent tamis en main. Ils travaillent même la nuit venue et quand ils dorment, c’est dans ces huttes de fortune sans eau potable à proximité.

“Les secours mettraient des heures à arriver”

Les hommes œuvrent dans des tunnels creusés à la main et dont la sécurité est limitée. D’ailleurs en fin de semaine, Mangatany a fait ses premiers morts. Deux hommes pris dans l’éboulement d’une galerie. Ensevelis vivants. Sous terre, l’oxygène est rare. Et il y a fort à parier qu’en raison du manque d’infrastructures il y aura d’autres victimes. En cas de blessé grave ? “Les secours mettraient des heures à arriver” décrit un observateur. Les chercheurs négocient leur or 50 000 AR le gramme (environ 18 euros). Une fortune dans un pays où le salaire moyen est de 135 000 AR (50 euros par mois). Les chercheurs sont pour la plupart employés par des patrons qui, eux, vivent dans des cabanes en dur. Des petites sociétés se sont ainsi créées et organisées dans des conditions précaires et bien plus dures que dans les autres mines du pays. L’aspect naissant de ces carrières y est pour beaucoup. Comme s’il n’y avait pas de temps à perdre, on s’y presse. 50000 AR, de la sueur, du sang et des larmes. Sans compter le froid glacial des nuits en plein hiver austral. C’est cela le véritable prix du métal précieux extrait des mines de Mangatany

Nicolas Goinard à Madagascar


Du rubis, du saphir, et de l’or...

Le sous-sol de la Grande Île est riche. Avant l’or, d’autres richesses ont été découvertes sous la terre rouge malgache. Ilakaka, à 735 km au sud d’Antananarivo est une commune qui s’est développée autour des mines de saphir à ciel ouvert. La nuit venue, on y craint aussi les bandits qui infestent la région. Dafy, Malgache qui s’est déjà rendue dans cette région, se souvient : “Une fois, en revenant d’Ilakaka, notre taxi brousse a eu un accident. Il commençait à faire nuit. J’ai paniqué. Heureusement, à ce moment un bus est passé et je connaissais le chauffeur. Il m’a emmené et j’ai laissé les autres voyageurs. C’est la nuit que les attaques ont lieu.” Le jour, enfants et adultes descendent dans les entrailles de la terre à la recherche des pierres précieuses. Depuis 1998 et la découverte d’un important gisement de saphir, cette petite bourgade jadis connue pour ses paysans, s’est donc transformée en une ville digne du far-west, victime de la fièvre de la pierre précieuse bleue. Le saphir se trouve aussi à Maromby, ou à Andranondambo. Dans l’ouest, Miandrivazo est aussi une commune connue pour ses ressources, notamment son or et ses pierres précieuses. Quant au rubis, on trouve cette pierre à Ianavoha, Andranomilitsy, Soamiakatra. Le sol malgache est très riche. La population est pauvre. Cette équation déclenche donc à chaque nouvelle découverte des remous et crée des vocations. Même, parfois, à la tête de l’Etat…

N.G.

Les forêts humides de l’Atsinanana (Madagascar) inscrites sur la Liste du patrimoine mondial en péril

Le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a inscrit les forêts humides de l'Atsinanana (Madagascar) sur la Liste du patrimoine mondial en péril en raison des coupes illégales de bois sur ce site et du braconnage visant les lémuriens, une espèce menacée. Le Comité tient actuellement sa 34e session sous la présidence de João Luiz da Silva Ferreira, ministre brésilien de la Culture.

Le Comité souligne que malgré un décret interdisant l'exploitation et l'exportation de bois de rose et d'ébène, Madagascar continue d'octroyer des permis d'exportation de bois en toute illégalité. Il note aussi que des pays ayant ratifié la Convention du patrimoine mondial sont néanmoins des destinations notoires de ce bois.

Le Comité prie instamment l'État partie de prendre immédiatement toutes les mesures d'urgence nécessaires afin de faire appliquer le décret et de mettre un terme aux coupes illégales. Il appelle aussi l'Etat partie à organiser un sommet réunissant les pays concernés afin d'agir pour que le bois illégal de Madagascar demeure interdit et qu'il ne puisse pas avoir accès à leurs marchés nationaux.

Etant séparées des autres masses terrestres depuis plus de 60 millions d'années, la faune et la flore de Madagascar ont évolué séparément. Les forêts humides de l'Atsinanana, qui sont englobées dans six parcs nationaux sur la façade orientale de l'île, sont très importantes pour le maintien des processus écologiques nécessaires à la survie d'une biodiversité unique reflétant l'histoire géologique de Madagascar. Nombre de ces espèces sont à la fois rares et menacées, particulièrement les primates et les lémuriens.