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mercredi 7 décembre 2011

ENERGIE JIRAMA La vie s'arrête avec le délestage

Allan Jean Ran­driatany,  de l'atelier « Tsiky Vy »
Allan Jean Ran­driatany,  de l'atelier « Tsiky Vy »






Impuissance ! Tel est le terme exact déterminant le sentiment des ménages de la capitale actuellement. Depuis le retour du délestage, bon nombre de gens voient aujourd’hui leurs activités menacées. Dépendant d’une manière directe ou indirecte de l’électricité, ils passent plus d’heure à ne rien faire qu’à travailler, à cause de la coupure. Les dépenses sont alors plus élevées que les bénéfices, et de nombreuses boîtes tournent  à perte. « Je crains fort un bilan négatif à la fin du mois. À cause de la coupure, notre recette a fortement diminué, contrairement à la facture de la Jirama. Le salaire de nos trois employés doit être payé, sans parler du loyer du local, du prix des produits et des frais de scolarité des enfants », se plaint Tahina Razafijemisa, propriétaire de la coiffure Pastel à Ankadifotsy.
Si en moyenne, son salon peut recevoir sept clients par jour, le délestage a réduit ce nombre à trois. Elle perd au quotidien Ar 24 000, soit 
Ar 720.000 en un mois, pour un coût moyen du service à Ar 6000 par personne. « Outre le weekend, le délestage commence souvent à 6h du matin pour ne se terminer qu’à 11h. Il reprend en général vers 15h30 jusqu'à 17h. Les clients, en voyant la coupure, vont ailleurs », se plaint-elle. Les salons de coiffure espèrent, toutefois, rattraper leur perte durant le mois de décembre. « Nous comprenons que la Jirama soit dans la difficulté, mais nous aussi, sans électricité, on ne peut pas vivre. Si la Jirama est obligée de procéder à la coupure, ainsi soit-il, mais qu'elle nous accorde le mois de décembre comme période de sursis », implore Soloniaina Rafano­mezantsoa, coiffeuse à Ambohimanarina. 

Black out total


Outre la coiffure, d'au­tres métiers libéraux sont aussi  menacés par le délestage. Les artisans soudeurs sont, par exemple, obligés de fermer leur porte en cas de coupure. Allan Jean Ran­driatany, propriétaire de l'atelier « Tsiky vy », aux 67ha, raconte qu'en une journée, ils ne peuvent pas travailler entre 9h et 15h. Or, « j’emploie huit chefs de famille dont un est payé mensuellement, trois quotidiennement, et quatre sont des employes temporaires. Actuellement, nous dépensons plus que nos gains. La facture à payer reste élevée, alors que les clients partent là où il n’y a pas de déléstage. Pour compenser notre perte, nous sommes obligés de vendre certains outils de travail », raconte tristement, le propriétaire de l'atelier Tsiky Vy. 
Mais les impacts négatifs du délestage se ressentent également dans d'autres secteurs. Nombreux exportateurs risquent aujourd'hui de perdre leur marché, faute de pouvoir honorer correctement les éché­a­nces de commandes. Comme cette chose n'est pas du tout tolérée par les importateurs, certains risquent de voir leurs clients s'en aller ailleurs si la situation perdure. Tel est par exemple le cas d'un tailleur de pierre a Talatamaty, « nos clients commencent à hausser le ton. Ils ne se soucient pas de notre délestage, ils veulent que leurs commandes arrivent à temps ». 
En fait, les conséquences du déléstage font tache d'huile. Un secteur touché d'une manière directe les répercute à d'autres Mais plus importante encore, la coupure d'électricité constitue un danger pour la vie de l'être humain lui-même. Sans parler de l'insécurité, certains hôpitaux sont aussi victimes des coupures. Elles peuvent être périlleuses en survenant au moment d'une opération délicate. Tout peut arriver jusqu'au moment où un groupe prend le relais. 

------------------Potentiel identifié estimé à 7 800 MW------------------

Actuellement, 70% de notre source d’énergie nécessite du carburant. Le potentiel identifié est estimé à 7 800 MégaWatt (MW), alors que la Grande Île n'en utilise que 125. L'exploitation d'une partie de ce potentiel peut mettre Madagascar à l'abri du délestage, dans la mesure où le besoin du pays est estimé à 450MW. Pour Antananarivo, l'abondance de pluie (60% des sources hydrauliques) ou la mise en application de la convention devrait résoudre le problème de coupure. Le besoin de la capitale est estimé à 170MW, et aujourd'hui 160MW sont fournis, d'où un gap de 10 MW.

les pêcheurs protègent la mangrove pour assurer leur survie


C'est dans ces labyrinthes marécageux de palétuviers que se reproduisent et vivent les crabes Scylla serrata, dont la pêche fait vivre les populations alentours et est essentielle à l'économie locale 



BELO-SUR-MER (Madagascar) (AFP) - Près de Belo-sur-mer, à l'ouest de Madagascar, les forêts de palétuviers s'étendent sur des milliers d'hectares et regorgeaient autrefois de poissons et de crabes. Mais certaines zones ont été fermées à la pêche par les pêcheurs eux-mêmes. Une question de survie.
"Les communautés ont choisi plusieurs sites que l'on ferme pendant quatre mois dans l'année pour permettre aux crabes et aux poissons de se reproduire", explique Thomas, responsable de Blue Ventures, une association britannique de protection de la biodiversité marine à l'origine du projet.
Trois sites de 200 hectares au total ont été sélectionnés par les communautés locales pour cette première expérience dans la mangrove, forêt marine qui s'étend sur 4.000 km2 à Madagascar.
C'est dans ces labyrinthes marécageux de palétuviers que se reproduisent et vivent les crabes Scylla serrata, dont la pêche fait vivre les populations alentours et est essentielle à l'économie locale.
Depuis 2004, plus de 130 zones ont été fermées à la pêche par des associations communautaires à Madagascar, mais c'est la première fois que ce dispositif est appliqué dans une mangrove.
A cinq kilomètres de Belo-sur-mer, Antanimanimbo est un hameau de quelques cases en bois construites sur une presqu'île de sable, entre océan et mangrove.
La centaine d'habitants vit au rythme des marées qui inondent les rivages.
"Avant, il y avait beaucoup de crabes dans la mangrove, maintenant il y en a peu. Cela m'inquiète pour les générations futures", explique Jean-François, 62 ans, vice-président de l'association de pêcheurs du village qui a décidé de fermer une zone de 120 hectares.
La pêche intensive pratiquée par les villageois, qui revendent leurs crabes à des grossistes de la région, a conduit au tarissement progressif des ressources.
L'emploi de filets adaptés et la création de réserves sont les solutions introduites par Blue Ventures et acceptées, toujours par consensus, par les habitants.
- Protéger les ressources -
"Tout le village respecte la fermeture, car on a organisé des réunions et des discussions pour réfléchir à la protection de notre zone de pêche, et on a décidé d'adopter ce système", ajoute Jean-François, dans cette région où l'on ne s'identifie qu'avec son prénom.
La communauté a élaboré un "dina", une loi locale respectée généralement par tous. Une lourde amende est prévue pour ceux qui enfreindraient la règle établie.
"Pour introduire ce système, Blue Ventures a une technique: les échanges entre villages. On a emmené des pêcheurs dans des villages où cela a marché", reprend Thomas, qui a déjà encadré plusieurs projets similaires.
"D'autres pêcheurs du Nord viendront aussi pour voir ce site", ajoute-t-il.
L'objectif de Blue Ventures est de multiplier ce modèle sur l'ensemble de la côte sud-ouest de Madagascar pour aider les communautés à faire face à la baisse généralisée des ressources. Qu'il s'agisse des crabes, des poissons, des poulpes ou des concombres de mer, tous les types de pêche sont concernés.
La surexploitation n'est pas seulement le fait des pêcheurs locaux: de grands navires de pêche, avec ou sans licence, lancent leurs filets sans contrôle dans les eaux malgaches.
Selon une étude menée par Blue Ventures et des chercheurs de l'université de Vancouver (Canada), près de 4,7 millions de tonnes de poissons ont été pêchées depuis 1950, alors que les autorités n'en recensent que la moitié.
A défaut de lutter contre la pêche industrielle, les communautés locales peuvent protéger les ressources du littoral et trouver leur place dans le circuit commercial.
"Si les pêcheurs adoptent durablement ce système, on pourra négocier de meilleurs prix de vente aux grossistes qui viendront le jour de l'ouverture de la réserve", avance Thomas.


Une drogue douce appelée Khat inonde le Nord de Madagascar

Une drogue douce appelée Khat inonde le Nord de Madagascar
Le trafic du khat est devenu si juteux qu’un véritable réseau s’est crée depuis quelque temps dans le nord deMadagascar. Cette drogue douce, appelée Khat, est devenue un produit de  consommation courante dans cette partie de l’île et le phénomène commence à s’étendre sur tout le territoire. 

 
 
Depuis 1998, la région de Diana, située dans le nord deMadagascar, s’adonne à la culture de Khat, une drogue douce dont la consommation est devenue si courante. Dans les communes les plus productrices, toute  l’économie et presque toutes les activités tournent autour du khat selon l’Express de Madagascar.
 
Dans les communes d’Antsalaka,  située à 67 km au  sud-ouest de Diégo Suarez, et celle de Joffreville, plus de 10 000 ha sont  actuellement cultivés de khat et les surfaces cultivées s’étendent de jour en jour.
 
Le khat tient désormais une place prépondérante dans le  développement de la région de Diana et les principaux producteurs commencent à écouler leur marchandise dans presque toutes les grandes villes de Madagascar. La feuille verte s’écoule même actuellement jusqu’à l’île de  Mayotte. A ce rythme, le  district d’Antsiranana II risque de perdre sa place de grenier de la  région Diana, du fait que la riziculture, la culture de café ou de légumes  sont abandonnées au profit de celle du khat.
 
 
Pour les consommateurs invétérés, le Khat n’est pas une drogue, quoique l’Organisation Mondiale de la Santé l’ait qualifié de drogue douce et l’ait inscrit dans la seconde catégorie des drogues, au même titre que le  haschich ou encore la cocaïne. Ces feuilles vertes, les adeptes les mâchent pour en siroter les substances hallucinogènes qui, selon eux, les aident à se concentrer et à rester éveillés, notamment pour les travailleurs de nuit. D’ailleurs, l’administration est même allée jusqu’à interdire la consommation du khat  aux chauffeurs de taxi, se rendant compte des risques sur la sécurité des passagers.
 
 
Mais ces feuilles hallucinogènes  envahissent tellement la ville Diégo que sur les portes de service, on peut lire les inscriptions «  Interditdefumer  » et «  Interditdeconsommerdukhat  ». Sa consommation accrue n’est pas non plus sans conséquence sur le budget familial. Les adeptes arrivent, en effet, à débourser jusqu’à 5 000Ariary (environ 1euro50) chaque jour afin d’assouvir leur besoins.

La France affiche son soutien au jeune président malgache


Consécration? Andry Rajoelina, 37 ans, reçu en tant que président de Transition malgache par le président de la République française Nicolas Sarkozy à Paris le 7 décembre. Deux ans et demi après sa prise du pouvoir à Antananarivo, le 17 mars 2009, cet entretien officiel au Palais de l’Elysée a valeur de symbole fort pour le jeune dirigeant malgache: la fin de l’ostracisme.
Oublié donc le «coup d’Etat»? C’est bel et bien ce terme que le président français avait repris en mars 2009 à Bruxelles, à la suite de la présidence tchèque de l’Union européenne, pour qualifier l’éviction du président élu Marc Ravalomanana: 
«J'observe qu'il est renversé sans aucune élection. J'observe que la première décision c'est la suppression du Parlement, ce qui n'est quand même pas un signe extrêmement positif».
La suite de ce constat sans appel fait par l’ensemble de la communauté internationale fut la mise au ban de Madagascar des différentes instances multilatérales (notamment aux Nations Unies, à l’Union africaine et au sein de la Communauté de développement d’Afrique australe-Sadc) et la fermeture de nombreux canaux d’aides et de programme de financement des bailleurs de fonds dont la Banque mondiale et le FMI, les Etats-Unis, l’Union européenne et la France.
Des sanctions économiques internationales qui ont privé le pouvoir central malgache de près de 70% de son budget et ont eu un impact direct en termes de dégradation de la situation économique du pays et de la population.
Néanmoins, la France a toujours témoigné une sensibilité différente. Il faut dire que au-delà d’une position de principe, le renversement de Marc Ravalomanana avec lequel Paris avait des relations orageuses ne chagrinait pas plus que cela l’Elysée. C’était même une aubaine dans la mesure où l’ancien président malgache affichait de mauvaises dispositions à l’égard de la France, mais aussi à l’égard de la langue française à laquelle Ravalomanana préférait visiblement l’anglais.
Désormais, après trois ans de crise politique, une Feuille de route signée à la mi-septembre 2011 par la plupart des partis malgaches émerge, sans convaincre totalement. Un Premier ministre, Omer Beriziky, et un gouvernement de «consensus» de Transition ont été nommés. Mais Rajoelina reste maître à bord, dans l’attente de l’organisation à Madagascar d’élections libres, équitables et crédibles selon la formule consacrée. Pour Paris, c’est le signal attendu pour appuyer les demandes du régime de la Haute Autorité de Transition (HAT) de reconnaissance et de levée des sanctions internationales.
A présent à Paris, Rajoelina se rapproche de cet objectif. Le 6 décembre, il était reçu par le président de l’Organisation internationale de la Francophonie«Abdou Diouf soutient Rajoelina», titre le Courrier de Madagascar. Ce dernier a déclaré à son invité malgache:
«Vous avez manifesté, aux yeux de tous les Malgaches et du monde entier, votre sens aigu d'homme d'Etat et de leadership
Dans ces conditions, la fin de la suspension de Madagascar des instances de l’OIF ne saurait tarder et la Francophonie compte bien contribuer à la préparation des élections.
Un peu plus tôt, Bruxelles avait de son côté montré plus de réserve sur le dossier Madagascar en manifestant un «appui conditionné de l’Union européenne au processus de transition», titreMadagascar-Tribune.com.
De Paris, Andry Rajoelina ne repartira pas les mains vides. Deux conventions de subventions représentant plus de dix millions d’euros de dons ont été signées le 7 décembre avec le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt par le biais de l’Agence française de développement (AFD). La rencontre avec Sarkozy promet d’être chaleureuse mais aussi studieuse. Pour L'Express de Madagascar, il s'agit d'une visite de travail où pourraient être abordés trois points: «des élections qui permettront le retour de l’aide internationale», les «contrats français» et le «recadrage de l’ami­ral Ratsi­raka». Le retour récent de l'ancien président malgache de son exil parisien est sans doute suivi avec attention à Paris.

Economie Madagascar: Secteur privé, l'Etat obéré de dettes

Madagascar-Economie - Le GEM demande à l'État de régler ses dettes. Il s'agit de l'une des dispositions pour la relance économique. Des arriérés cumulés. Les dettes de l'État envers le secteur privé sont énormes. Selon les informations émanant du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM), elles concernent plusieurs secteurs, principalement le BTP et les entreprises franches. Pour cette dernière, l'endettement est de l'ordre de 7 milliards d'ariary fin août 2011. Elle provient principalement du non-remboursement de la taxe sur la valeur ajoutée. Cette situation a pris de l'envergure depuis le début de la crise.

« Le retard dans le remboursement de la TVA par l'État n'est pas une nouveauté, mais depuis la crise, il est devenu très important. Certains de nos membres avancent que le délai de remboursement n'est pas respecté, et que pour certains, le retard dépasse même les six mois », indique Joséphine Soanorondriaka Andriamamonjiarison, présidente du GEM. C'était hier, au cours d'une conférence de presse au siège du groupement à Ambohijatovo.

A court terme

Afin de faciliter le fonctionnement des entreprises, le groupement revendique le paiement de ces arriérés. Des membres se sont exprimés sur ce sujet lors d'une rencontre avec le Chef du gouvernement, Jean Omer Beriziky, une discussion qui s'inscrit dans le cadre de la relance économique, suite à la mise en place du gouvernement consensuel.

« Avec l'instauration d'un gouvernement consensuel dont la présentation a été assistée par la Communauté internationale, les opérateurs privés pensent qu'il est grand temps de se pencher sur le redressement économique », indique toujours la présidente du GEM. « Nous avons déjà été écoutés, et nous espérons une mise en oeuvre effective », poursuit-elle.

Outre le paiement des arriérés envers le secteur privé, d'autres mesures ont été avancées dans le court terme. Il s'agit, entre autres, de la résolution des problèmes de fourniture d'électricité par la Jirama, l'amélioration du transport aérien, ainsi que l 'élaboration d'un programme de libéralisation des prix des produits pétroliers après négociation avec les opérateurs du secteur.

Le TGV en Sarkozie…


De la rencontre Sarkozy – Rajoelina

Le mercredi 7 décembre à 17h00, Nicolas Sarkozy recevra le président de la HAT. Sur cet évènement qui « est un fait politique majeur à prendre en considération », il faut se garder des analyses simplistes du genre « on reconnaît ici la main et la responsabilité de la françafrique dans le coup d’État de 2009 », ou « c’est le triomphe de Rajoelina enfin reconnu pour la grandeur de son œuvre réformatrice et révolutionnaire »… si, si, si… y’en aura bien certains pour proférer ce genre d’âneries.
Bien évidemment cette rencontre, qui en irritera certains tout autant que d’autres s’en gargariseront, est au bout du compte souhaitable dans la perspective espérée d’une stabilisation de la situation politique et dans celle du déblocage de certains fonds qui ont fait cruellement défaut à l’économie du pays et à sa population.
La question que doivent se poser les ulcérés n’est pas : « Comment Sarko ose-t-il faire fi de nos opinions publiques ? Comment peut-il ignorer le risque d’une montée de la francophobie au sein de populations irritées qui verront encore une fois une ingérence de l’ancienne puissance coloniale dans les affaires du pays ? Comment peut-il recevoir Rajoelina ? ». La question à se poser est bien plutôt : « Pour quelles raisons le reçoit-il ? ». Et les griots du TGV devraient eux aussi reconsidérer cet évènement non pas comme le triomphe de l’auteur du coup d’État mais comme acte de Realpolitik française. Ceci étant, sur le plan signifiant, ce n’est pas comme si Sarkozy venait rendre visite au TGV à Ambohitsirohitra. À 17h00, il ne l’invite pas à déjeuner.
La diplomatie ne se bâtit pas sur des grands principes, pas plus que sur une rationalité absolue accessible à l’entendement immédiat du citoyen. Elle n’est pas non plus le reflet d’une ligne de conduite régulièrement cohérente. Khadafi, reçu en grandes pompes à l’Elysée, s’est vu virer à coup de pompes pas moins grandes quand l’intérêt de la diplomatie française l’a exigé. Ben Ali encensé comme le démocrate de référence du Maghreb a dû vite reprendre l’avion prêté le mois précédent à un ministre français, devant la colère des masses Tunisiennes que Paris a été contraint, tardivement certes, de reconnaître et d’accepter.
Si la diplomatie se targue de défense d’intérêts stratégiques et économiques, de fait, elle ne satisfait que très rarement à la morale et aux valeurs humaines. Il s’agit avant tout de pions que l’on avance et que l’on sacrifie au gré des situations immédiates sur un échiquier où la position de chaque pièce défend la place de l’autre.
La diplomatie est aussi affaire d’enjeux de politique intérieure quand les points marqués à l’échelon international sont autant de faveurs décrochées auprès d’une opinion publique nationale dont il faut prendre en compte la versatilité en vue de futures élections.
La diplomatie c’est aussi question de luttes d’influences et de guéguerres intestines entre acteurs du premier cercle du pouvoir, préoccupés de la défense de leur position et de leur influence… La diplomatie, malheureuse et sans gloire, c’est enfin affaire de petits arrangements entre lobbys politiques et intérêts privés voraces.
C’est à la mesure de ces différentes approches que la réception de Rajoelina à l’Élysée doit s’envisager. Il ne faut pas y chercher la moindre parcelle de morale. On y trouvera aussi le strict minimum en termes de raison et de rationalité. Pourtant de rationalité il aurait dû y avoir. Parce que ce genre de décision ne se prend pas sur le coin d’une table entre deux fourchettes. « Tiens, Alain… en fait de chauté de lapin… pache moi le poivre – ecchcuje moi , j’ai la bouche pleine – je viens d’y pencher… chi on invitait le putschichte malgache à venir nous dire bonjour, che cherait chympa… pache moi le chel ». Ce type de décision fait nécessairement l’objet d’arbitrages, d’évaluations de scénarios et de mises en balance de leurs enjeux, avantages et inconvénients respectifs. On pourrait espérer que ces évaluations soient établies sur la base d’analyses et d’informations exhaustives et pertinentes. Le sont-elles seulement ? Elles le seraient que la diplomatie française pourrait être plus anticipative et plus efficace dans la durée. On n’oubliera pas ainsi que Sarkozy avait choisi, dans son projet d’Union pour la Méditerranée, Ben Ali et Moubarak comme… “piliers sud” (pas moins !!).
Dans ce sens, de la même manière qu’on a vu Khadafi prendre la porte après avoir planté les voiles de sa tente à Paris, ne préjugeons donc pas des revirements de positions que la France peut à tout instant adopter face à un Rajoelina. Elle l’a déjà jugé et évalué dans ses incohérences et tergiversations passées. À incohérent, incohérent et demi : en diplomatie aucune amitié n’est éternelle et aucune poignée de main n’engagera ses auteurs sur le long terme.