Consécration? Andry Rajoelina, 37 ans, reçu en tant que président de Transition malgache par le président de la République française Nicolas Sarkozy à Paris le 7 décembre. Deux ans et demi après sa prise du pouvoir à Antananarivo, le 17 mars 2009, cet entretien officiel au Palais de l’Elysée a valeur de symbole fort pour le jeune dirigeant malgache: la fin de l’ostracisme.
Oublié donc le «coup d’Etat»? C’est bel et bien ce terme que le président français avait repris en mars 2009 à Bruxelles, à la suite de la présidence tchèque de l’Union européenne, pour qualifier l’éviction du président élu Marc Ravalomanana:
«J'observe qu'il est renversé sans aucune élection. J'observe que la première décision c'est la suppression du Parlement, ce qui n'est quand même pas un signe extrêmement positif».
La suite de ce constat sans appel fait par l’ensemble de la communauté internationale fut la mise au ban de Madagascar des différentes instances multilatérales (notamment aux Nations Unies, à l’Union africaine et au sein de la Communauté de développement d’Afrique australe-Sadc) et la fermeture de nombreux canaux d’aides et de programme de financement des bailleurs de fonds dont la Banque mondiale et le FMI, les Etats-Unis, l’Union européenne et la France.
Des sanctions économiques internationales qui ont privé le pouvoir central malgache de près de 70% de son budget et ont eu un impact direct en termes de dégradation de la situation économique du pays et de la population.
Néanmoins, la France a toujours témoigné une sensibilité différente. Il faut dire que au-delà d’une position de principe, le renversement de Marc Ravalomanana avec lequel Paris avait des relations orageuses ne chagrinait pas plus que cela l’Elysée. C’était même une aubaine dans la mesure où l’ancien président malgache affichait de mauvaises dispositions à l’égard de la France, mais aussi à l’égard de la langue française à laquelle Ravalomanana préférait visiblement l’anglais.
Désormais, après trois ans de crise politique, une Feuille de route signée à la mi-septembre 2011 par la plupart des partis malgaches émerge, sans convaincre totalement. Un Premier ministre, Omer Beriziky, et un gouvernement de «consensus» de Transition ont été nommés. Mais Rajoelina reste maître à bord, dans l’attente de l’organisation à Madagascar d’élections libres, équitables et crédibles selon la formule consacrée. Pour Paris, c’est le signal attendu pour appuyer les demandes du régime de la Haute Autorité de Transition (HAT) de reconnaissance et de levée des sanctions internationales.
A présent à Paris, Rajoelina se rapproche de cet objectif. Le 6 décembre, il était reçu par le président de l’Organisation internationale de la Francophonie. «Abdou Diouf soutient Rajoelina», titre le Courrier de Madagascar. Ce dernier a déclaré à son invité malgache:
«Vous avez manifesté, aux yeux de tous les Malgaches et du monde entier, votre sens aigu d'homme d'Etat et de leadership.»
Dans ces conditions, la fin de la suspension de Madagascar des instances de l’OIF ne saurait tarder et la Francophonie compte bien contribuer à la préparation des élections.
Un peu plus tôt, Bruxelles avait de son côté montré plus de réserve sur le dossier Madagascar en manifestant un «appui conditionné de l’Union européenne au processus de transition», titreMadagascar-Tribune.com.
De Paris, Andry Rajoelina ne repartira pas les mains vides. Deux conventions de subventions représentant plus de dix millions d’euros de dons ont été signées le 7 décembre avec le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt par le biais de l’Agence française de développement (AFD). La rencontre avec Sarkozy promet d’être chaleureuse mais aussi studieuse. Pour L'Express de Madagascar, il s'agit d'une visite de travail où pourraient être abordés trois points: «des élections qui permettront le retour de l’aide internationale», les «contrats français» et le «recadrage de l’amiral Ratsiraka». Le retour récent de l'ancien président malgache de son exil parisien est sans doute suivi avec attention à Paris.
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