400 millions d’euros sont prévus par la compagnie chinoise Mainland pour la mise en place d’une unité de dioxyde de titane à Manakara. De nombreuses études scientifiques internationales mettent pourtant en parallèle les impacts dangereux de l’amiante et du dioxyde de titane, tous deux considérés comme cancérigènes. En janvier dernier, le Pr. Jürg Tschopp, prix Louis-Jeantet de médecine 2008, a déclaré à l’issue d’une étude qu’il a supervisée, que les nanoparticules de dioxyde de titane produisent des effets similaires à ceux de deux autres irritants environnementaux bien connus, l’amiante et la silice. Elles provoquent des inflammations pulmonaires et la production de molécules toxiques capables de s’attaquer à l’ADN, aux protéines et aux membranes cellulaires. Autrement dit, il s’agit de prémices du cancer. Or, Mainland entend construire une usine de dioxyde de titane à Manakara. Elle va ainsi délocaliser à Madagascar une pollution dangereuse. En Chine, une bonne part du sol et des nappes phréatiques sont polluées par une industrialisation souvent sauvage et effrénée.
La Chine cherche donc à délocaliser ses pollutions industrielles. Madagascar risque de tomber dans ce piège à 400 millions d’euros. Un montant qui risque de détruire tout le système hydrique du Sud-Est du pays selon des spécialistes du secteur. Le système hydrique de cette zone peut être contaminé facilement étant donné son relief géographique. La population de toute la région en sera victime. Les autorités minières devraient voir de près ces problèmes avec les autorités environnementales. Il faut aussi noter que le projet de Mainland est flou. Un projet de cette taille incluant l’exploitation et une usine devrait avoir un contour clair. Il devrait bien définir la localisation du site d’exploitation et de la future usine, donner le design du projet (la logistique, les méthodes d’exploitation, les matériels à utiliser, etc.)… Jusqu’ici, personne ne sait rien de tout cela. Bref, le dossier technique du projet n’existe pas alors qu’il s’agit d’un projet dangereux dont l’exploitation courra jusqu’en 2026. Les quelques pages du document environnemental fournies par la compagnie ne suffiront jamais à élaborer correctement les termes de référence de l’Etude d’impact environ-
nemental (EIE).
Ces termes de référence doivent inclure toutes les préoccupations des parties prenantes. Mainland a négligé ce point crucial. En réalité, cette entreprise multiplie les infractions et bévues. Contrairement à ce qui se passe à Manakara, elle a toutefois obtenu le permis environnemental pour une exploitation à dimension artisanale d’ilménite à Fénérive-est. Mais elle n’a pas respecté le cahier des charges environnemental et social. L’Office national pour l’environnement (ONE) lui a envoyé une lettre de mise en demeure dès ses premières activités en 2007. Par la suite, la compagnie a voulu s’attaquer à un nouveau bloc de carrés miniers. Mais l’ONE a refusé de lui délivrer le permis environnemental si elle ne suit pas ses recommandations sur les premiers carrés miniers. Après s’y être pliée, Mainland a obtenu son permis. Mais elle a récidivé en enfreignant le cahier des charges. L’ONE lui a envoyé une 2ème lettre de mise en demeure. Puis, cet organe a décidé la suspension des activités. A l’heure actuelle, Mainland essaie de corriger ses erreurs. Elle enlève ainsi le stock qu’elle laisse à l’air libre, un stock qui est nocif pour la santé humaine et l’environnement. Le comité de suivi régional présidé par le chef de région a récemment adressé un courrier à l’ONE comme quoi, Mainland a suivi une bonne part de ses recommandations. L’ONE ne veut pas descendre sur terrain et consulter la population tant qu’elle ne reçoit pas de l’entreprise l’assurance comme quoi cette dernière a suivi ses recommandations. En effet, s’il remarque que ses prescriptions n’ont été guère respectées, l’affaire se terminera par le retrait du permis environnemental.