Une délégation de l’Union européenne à Madagascar a été reçue par le Premier ministre Jean Omer Beriziky jeudi. Une rencontre qui a permis de soulever les problématiques autour du processus de mise en œuvre de la Feuille de route, un texte qui définit les mesures qui doivent sortir la Grande île de la crise politique.
Une délégation européenne composée de l’ambassadeur de l’UE à Antananarivo Leonidas Tezapsidis, du responsable géographique pour Madagascar et l’Océan Indien du Service européen pour les Relations extérieures, Pijuan Canadell, et du chef de section politique, presse et information, Philippe Willaert, a fait part de ses inquiétudes quant à l’évolution de la situation politique dans la Grande île.
La suspension de la mouvance Ravalomanana et la non-participation de la mouvance Zafy au processus de mise en œuvre de la Feuille de route constituent les principaux points de litige soulevés au cours de la rencontre avec le Premier ministre de transition Jean Omer Beriziky.
La préparation des élections, le manque de clarté autour des mesures d’apaisement politique, concernant notamment l’application de la nouvelle loi d’amnistie ont aussi été évoqués. Ladite loi a donné lieu à une véritable impasse pour avoir privé Marc Ravalomanana de l’annulation de ses peines. Seule condition le permettant de rentrer au pays et revenir sur la scène politique du pays.
En ce qui concerne la mouvance Ravalomanana, le chef du gouvernement de transition a expliqué que des pourparlers sont en cours pour qu’elle réintègre le processus de sortie de crise stipulé dans la Feuille de route. Quant à la mouvance Zafy, le quotidien Midi Madagasikara fait ressortir qu’une aile dissidente dirigée par le Professeur Emmanuel Rakotovahiny aurait prévu d’adhérer au processus.
Il faut savoir que la troisième force politique du pays, la mouvance de l’ancien président Ratsiraka, n’a pas signé cette Feuille de route, ce qui l’a exclue définitivement du processus de sortie de crise.
Selon le journal malgache, une autre délégation de l’Union européenne effectue actuellement une mission dans la Grande île pour apporter son soutien dans la préparation des élections, seule issue qui doit sortir Madagascar de l’impasse politique. Les émissaires de l’UE devraient travailler de concert avec la CENIT (Comité électoral national indépendant de transition) afin de peaufiner les préparatifs électoraux.
Imaginons un monde parfait, nous sommes en 2040, dans 30ans, il n’y a plus de pétrole, les hommes cherchent leur énergie dans les pays à la prospérité naturelle.
A Madagascar, voilà 30 ans que nous avons initié un grand effort national, c’était en 2010, depuis lors Madagascar avait mobilisé sa population pour qu’elle plante des arbres en vue de reconstituer la qualité de ses sols et afin de fournir le monde en Bois, car oui depuis 10ans le prix du pétrole est devenu inaccessible à 90% des habitants de la planète, et l’homme cherche son énergie, qu’il ne peut plus trouver ailleurs que dans les plantes.
Madagascar se porte bien, ce pays hier au bord de l’avancé du désert, est aujourd’hui couvert de forêt. Le climat y est plus sûr et plus doux que partout ailleurs sur terre. Le peuple malgache a de l’énergie, il ne manque ni de charbon ni de bois d’œuvre. Son agriculture est l’une des plus productives du monde.
Voilà là un court dessin de ce que sera le monde dans 30 ans, il n’y aura plus d’énergie, plus d’engrais chimique, plus de plastique, c’est la fin du monde consummatoire.
Madagascar a encore une terre fertile, contrairement à l’Occident où elle dégénère petit à petit avec l’influence des produits pétroliers qui aident son agriculture.
Reboiser entièrement Madagascar n’a que deux problématiques : Les Feux de brousse et l’absence totale de moyens.
Les Feux de brousse
Les feux de brousse ne sont pas provoqués essentiellement par les populations environnantes, ce sont simplement des incidents de cigarette au volant, des accidents ménagers, des cultures sur brûlis, des feux naturels qui sabotent jour après jour la terre des ancêtres.
Il est temps de prendre en main ce problème, les Vachers et les Agriculteurs ne veulent plus de feux de brousse, aujourd’hui le feu ne rend plus meilleur, il dégrade les sols et appauvrit la terre, tout le monde le sait, et tout le monde veut que ça cesse. Mais il y a encore des restes culturels qui sont plus forts que ces convictions nouvelles, il faut aller à la rencontre de ces pyromanes improvisés par une dynamique nationale que chaque malgache portera.
Ma première proposition est une chanson, un hymne national contre les feux de paille.
Quoi de plus fort que la musique à Madagascar ?
Les Karaokés sont plus répandus que les cinémas les malgaches fredonnent à tue tête dès qu’ils en ont l’occasion, nulle part ailleurs sur terre la chanson n’a autant d’importance qu’à Madagascar.
Il faut créer une chanson qui portera encore plus loin la bonne parole, un hymne comme celui des restos du cœur en France où tous les artistes s’unissent main dans la main pour une cause nationale. Notre cause commune, c’est la reforestation du pays.
L’absence de moyens
Par absence de moyens, j’entends moyens de tous types, pas uniquement financier, même si la finalité est toujours financière, il y a des moyens importants qui doivent permettre les déblocages d’aides, et c’est pourquoi je souhaite vous parler du Carbone et de la Finance Carbone.
En 2007 et alentours les grandes puissances de ce monde ont décidé qu’ils allaient payer pour un monde meilleur. Il s’en est suivi des propositions de bourses internationales des droits de polluer et 4 bourses majeures sont sorties de ces propositions : Chicago, Euronext, le Canada et la Chine .
Le monde financier, les banques, les traders avaient vu là un nouvel eldorado spéculatif, je développerai ce point un peu plus loin dans ce document.
Le Canada s’est retiré l’année passée, avec son premier ministre Monsieur Kent qui avait mis en doute les objectifs de ces échanges de droit de polluer en qualifiant la filière de « Complot socialiste ». Sa bourse n’a jamais vraiment ouvert, les Canadiens sont méfiants de nature, et subir le dictât des ONG ne devait visiblement pas les enchanter.
La Chine
Une des bourses les plus actives encore à ce jour, mais nous ne pouvons pas nous y intéresser, la préférence nationale y est de rigueur. La Chine est un pays développé sur la dette occidentale. Les Chinois n’ont pas de monde financier à l’image de l’Occident, c’est un pays avant tout communiste, leur pays a autant besoin d’écologie que Madagascar, la préférence nationale est donc naturellement obligatoire.
Les USA
Quoi attendre de mieux d’un pays qui ne signe pas les traités internationaux de base sur les droits des hommes et des peuples, pays qui veut imposer par la force ses visions du monde, un monde orienté vers le saccage de notre Nature avec le capitalisme consummatoire.
Et pourtant si .. Les USA constituent le pays le plus en favorable à la reforestation, ils financent à tour de bras tout et n’importe quoi tant qu’il y a de la plantation. Eucalyptus, Teck, Ravinstsara, ils prennent tout, tant qu’on a du papier à fournir. Mais étant donné la situation politique malgache, il ne faudra pas compter sur les USA avant un retour à la normale selon leurs critères, dans notre pays.
L’Europe
Là, excusez moi, mais on va bien rigoler, ou pleurer selon le point de vue.
L’Europe est le pays qui a pris le plus au sérieux, politiquement, la compensation carbone. Une bourse a été créée et imposée aux Industries polluantes, l’Europe a même tenté d’imposer récemment des taxes plus ou moins illégitimes à l’Aviation, ça a fait grand bruit car aucun état hors UE n’a voulu suivre les règles. L’UE demande une compensation de 18% des émissions de gaz à effet de serre, mais sur quelle base ? Vers quelle modèle de compensation ? Pas la forêt en tout cas !
Dans une note discrète sur le site internet d’Euronext, l’Union Européenne qualifie « les projets de reforestation comme non durables, et donc qu’ils pourraient mettre en doute le sérieux de l’agence » Voilà, c’est là qu’il faut rire jaune...
En réalité, la Finance Carbone Européenne est basée sur la compensation, c’est à dire que les titres de carbone sont évalués sur la base d’une économie chez les compensateurs. Ce qui a donné en finalité, des projets de compostage en décharge et des biogaz en élevage porcherie, selon l’UE l’économie est faite et donc durable, la démarche est critiquable quand on sait que ces gaz s’oxydent naturellement à 15 ans et qu’ils ne dureront donc pas dans l’atmosphère.
Nous avons à Madagascar un projet de compensation en décharge, il est géré par la fondation GoodPlanet du célèbre photographe et défenseur du climat Yann Arthus-Bertrand.
Cette décharge est située à Majunga, j’ai des images à vous donner, c’est une honte nationale. Pour économiser du Méthane et donc un gaz à effet de serre, Goodplanet et ses partenaires réalisent du « compost bio » sur ce site. Ils ont subi un processus d’homologation qui leur permet de vendre aujourd’hui ces économies de gaz à effet de serre sur les marchés climatiques, en bourse.
Sur le site, les déchets alimentaires sont triés et le compost résultant du tri vendu à l’agriculture maraîchère (le produit de nos décharges dans nos légumes... je ne pense pas qu’une chose pareille passerait en Occident...)
Seulement avec des employés payés 250 000 francs malgaches par mois à remuer des ordures, forcément le travail n’est pas bien fait, et la décharge accumule des déchets non traités. Leurs obligations de financement par la bourse du carbone, les obligent à répandre les déchets en attendant de les trier, pour éviter la génération de méthane.
Et voilà que la décharge de Majunga est passée de 10 ha (je suppose) à au moins 300 hectares, avec des eaux polluées qui ruissellent jusqu’au marché en ville et sabotent toutes les eaux souterraines, la nappe phréatique est saturée de polluants, c’est certain . Un cimetière musulman à coté est maintenant recouvert d’immondices, avec des prieurs qui ne pleurent plus pour leurs morts mais leurs conditions de prière et la honte infligée aux ancêtres.
Quoi faire contre Goodplanet ?
A combien s’élève la rémunération d’une telle compensation carbone ? Vaut-elle le coup ? Pourquoi la prestation de service carbone est elle encaissée en Europe ? N’a t-on pas là un centre d’intérêt économique qualifié par les lois fiscales ? Nous devons réclamer la transparence de ce site et de tous les sites gérés sur ce modèle.
Goodplanet est une Fondation initiée par un photographe célèbre et des banquiers. Le collège fondateur de 4 membres est constitué de 3 banquiers, pas besoin de dessin pour approuver la déclaration de Monsieur Kent, sur ce modèle de bonne pratique, on voit là clairement le complot, mais je parlerais de « complot carbone » pour ma part, car la précipitation basée sur aucun chiffre climatique et le résultat de curée carbone au final ne peut me faire croire autre chose, car les bonnes paroles d’hier sont les pompes à fric d’aujourd’hui.
Enfin, Goodplanet a d’autres projets à Madagascar, c’est le moment de leurs demander des comptes.
La filière est opaque, il est difficile de savoir quels sont les volumes d’affaires sur ces spots d’échange de droit de polluer en bourse, mais nous avons un indice, une fraude à la TVA sur les titres de carbone en Europe s’élèverait à 5 milliards d’Euro, 5 milliards de TVA, soit un volume d’affaires de 20 milliards d’euros, 20 milliards d’euro de titres de carbone rien que dans une fraude, les volumes d’affaires ne sont donc pas source de problème, il y a tous l’argent nécessaire à toutes les initiatives, et j’aimerais que Madagascar impose son modèle de coopération climatique.
En mission parlementaire, et dans l’espoir de réviser le système, Michel Rocard a fixé la tonne de carbone en modèle compensation par l’économie à 32 €, c’est un prix cohérent quand il est appliqué à des pays sur-développés. C’est un chiffre intéressant quand on sait qu’un hectare de forêt malgache recycle 1466 tonnes de CO2 par hectare jusqu’à son age adulte, ensuite, l’hectare de forêt permet de recycler 1.8 tonnes de CO2 chaque année (tant que les arbres restent à leur place). Sur la base de ce prix de compensation, l’hectare de nos forêts serait alors vendu environ 50 000 € avec une rente de 60€/an, rente car une forêt, en cette période de changement climatique, grossit, ceci dû à la quantité théorique de carbone qui croît et la chaleur que la nature globale préfère au froid, 500 Kg de Carbone (C) stockés en plus par tous les systèmes forestiers et par an et par hectare.
Par ailleurs, une reforestation digne de ce nom, ne peut pas priver ses populations du bois, un abattage devrait être prévu dans les règles pour permettre aux populations de profiter de cette nouvelle forêt. Les bois de coupe, Acacias, aujourd’hui inclus dans le calcul biaisés de la finance carbone, protègent et accompagnent les arbres de forêt dans leur croissance, ils fournissent au début l’ombrage et ensuite garantissent la vie à nos arbres de base, car ils profitent aux populations environnantes qui auront le droit et même le devoir de les couper.
Ce bois pourra servir rapidement de bois d’œuvre, de charbon pour les populations locales et même satisfaire la demande industrielle. Ce procédé permettrai de lutter durablement contre la déforestation due à l’action des hommes, en faisant comprendre aux populations que ce n’est pas Dieu qui plante les arbres, mais bien l’homme qui les coupe. Il importe de ne pas confondre la reforestation à des pseudo-projets de reboisement utilisant des essences très nuisibles pour le génome. C’est le cas par exemple de l’Eucalyptus dont les feuilles forment une litière nuisible à la repousse d’autres espèces. Aussi, une plantation d’eucalyptus peut contribuer à l’épuisement de la nappe phréatique dans certains secteurs (voir le film Home de GoodPlanet en lecture gratuite, à partir de la 50 ème minute) et pourtant, combien de projets de reforestation financés sont à base d’Eucalyptus ? Goodplanet finance des Teks de type Paulownia.. ..c’est troublant non. ?
Pour que le secteur de la reforestation, soit viable, il faut que la Banque Mondiale cautionne 50% des investissements en amont et approuve la source et la labellise. Je ne demande pas d’argent, juste une caution pour nos clients industriels. Les institutions s’impliquent dans la préservation durable des actions de préservation de la biodiversité malgache qui est certainement la plus importante au plan mondial. Par exemple, malgré l’abstention des États-Unis (au vote), le conseil d’administration de la banque mondiale a accordé, en juin 2011, en pleine crise légaliste, 52 millions de dollars pour le soutien des projets de préservation de la biodiversité à Madagascar. En l’occurrence, il s’agissait de soutenir les efforts réalisés dans aires protégées et les parcs nationaux de Madagascar. Avez vous réalisez le décaissement ? Vous ont-ils vraiment aidés à réaliser le décaissement ? Ou les organismes de contrôles n’ont pas changés depuis 2007 ? Ce fait est un cas concret de la façon dont la banque mondiale peut s’impliquer dans la préservation de la biodiversité à Madagascar. Je ne connais que très peu cette institution, mais je suis convaincu que nous n’avons pas besoin de don mais uniquement de soutiens.
Ma proposition financière est simple, et j’aimerais pouvoir m’imposer en tant que négociateur du cotés de l’industrie, je sais où trouver les fonds nécessaires à cette dynamique nationale, il me manque juste un soutien sans faille du gouvernement Malgache ; crise ou non, peut importe pour l’industrie, tant qu’une entité garantie la réalisation (l’État Malgache, sous caution de la Banque Mondiale par exemple).
32€ la tonne de Michel Rocard, je vous laisse faire varier ce prix, vous comprendrez aisément que même à 5 $ nous y arriverons.
La moitié pour la plantation, la moitié pour l’État, comment s’imposer aujourd’hui face aux ONGs puissantes à Madagascar ? Les expulser pour en faire des victimes comme on le voit dans certains pays où ces organes servent plus à l’ingérence qu’à de réelles actions, non c’est impossible. Mais par contre, en ce dotant des mêmes moyens financiers qu’eux, c’est au moins se protéger de leurs initiatives par des contrôles réguliers.
Taxer la finance carbone à 50% est légitime, 16 € pour l’État malgache, c’est la taxe mais c’est aussi notre caution envers nos acheteurs, ces 50 % et 16 € seront garantis par la Banque Mondiale, c’est un fardeau pour nous mais un gage de confiance pour nos clients industriels. 50 % d’échec, c’est impossible. Cette taxe, cette caution, permettra de créer le service d’homologation propre à l’État, et respectant notre culture et nos besoins. Cette nouvelle source de revenus décuplera les capacités du ministère de l’environnement de Madagascar.
Avec 16 € , nous, pépiniéristes et spécialistes de la reforestation, pouvons faire un abattement pour donner une assurance à nos clients (et à l’État) afin d’organiser durablement une filière bois basée sur la confiance mutuelle. 40%, c’est un chiffre cohérent, c’est à peu près la proportion de forêt qui sera exploitée sporadiquement et durablement. Ce qui nous donne une rémunération à 9€60 le MtCO2, soit 3840€ à l’hectare, à peu près 10 millions d’Ariary, de quoi garantir la plantation et initier l’effet papillon du retour à la nature. La forêt va ré-fertiliser les sols et on pourra entrevoir le retour de l’agriculture des céréales. Mais c’est aussi une super rémunération qui laisse place à votre négociation.
Le principe de l’homologation ne peut être traité dans un courrier, mais voici mes propositions, dans le respect de la durabilité et de l’équité entre Malgaches. Les terres reboisées doivent rester absolument domaniales. Il est difficile d’avoir un projet de reforestation dédié au climat sur des terres de propriétaires privés (particuliers ou entreprises). Il est évident que ces acteurs ont tendance à décider unilatéralement de ce qu’ils veulent faire de leurs parcelles. Ce qui n’est pas bénéfique pour la conduite d’un projet de reforestation. La motivation et le travail bien fait doivent être rémunérés, les entreprises qui s’engagent dans notre charte ont des rémunérations connues, les salaires doivent donc être fixés sur la qualité du travail effectué et non sur le coût de la vie.
Franck Viandier a participé à de nombreuses courses nature avant de monter son agence de voyage, il y a dix ans.
Suite au drame de Madagascar, Franck Viandier, organisateur de voyages au bout du monde, raconte son expérience.
« J'emmène des clients partout dans le monde depuis plus de 10 ans. Pour ma part, cela fait 7 ans que je ne vais plus a Madagascar, car ce pays est pour moi dangereux. Pire depuis ces 3 dernières années car la sécurité s'est détériorée. Avec mon épouse Maxilene, nous avons senti cette insécurité permanente. Nous avions organisé un voyage humanitaire pour une entreprise du nord de la France. Nous avons descendu la rivière Tsiribine en péniche afin d'apporter du matériel scolaire à des villages très pauvres, loin des routes. Les paysages étaient magiques mais nous avons été surpris par l'accueil des habitants. La nuit, on campait loin des villages et nos guides étaient très vigilants. Plus le voyage avançait, plus j'avais peur pour mes clients qui ne se rendaient pas compte du danger qui les entourait. A l'arrivée de notre périple, nous avions un transfert en 4x4 de plusieurs heures pour aller à Monrodave, au nord de Tulear. On a roulé en convoi et je suis parti en tête avec un des guides.
Armés de machettes
A mi-parcours, des arbres étaient en travers de la route car la veille, une tempête avait balayé la côte. Je suis descendu du 4x4 avec le guide pour dégager la route. Le convoi des clients suivait à 30 minutes. On s'est retrouvé devant quatre Malgaches armés de machettes, dont un avait une carabine.
Ils sont sortis de nulle part. Mon guide a alors sauté dans le 4x4 pour sortir son revolver. La situation était dramatique, j'ai cru au désastre. Mon guide, un ancien commando marine, leur a parlé. Ça a duré 5 minutes, il avait le revolver pointé sur le Malgache à la carabine... Ils ont disparu d'un seul coup.
J'étais furieux car j'avais compris qu'ils voulaient juste de l'argent. Je voulais payer, éviter ce western ! Mon guide m'a alors expliqué que cela arrivait tout le temps sur cette route. Et que s'il payait une fois, les attaques risquaient d'être plus nombreuses. Une demi-heure plus tard, les clients nous ont rejoints et ont fait des photos sans imaginer ce qui s'était passé. Je suis organisateur de voyages, j'aime faire découvrir la nature et il y a une règle quand on emmène les clients, c'est zéro danger.
Je suis furieux de lire que Mada est une île non dangereuse. C'est faux ! C'est sûr, il y a des pays plus dangereux encore en Afrique. Mais à titre de comparaison, je me suis senti plus en sécurité dans une favela au Brésil, où j'ai passé un mois, qu'à Madagascar. Le problème à Mada c'est que, si on n'est pas habitué, on peut ne voir que cette croûte superficielle... qui fait croire au paradis. Je pense que les deux Boulonnais avaient compris cela mais ils avaient investi dans cette île matériellement et spirituellement. Ils voulaient aller au bout de leur rêve et je les comprends. Moi, je vends du rêve mais je ne peux pas mentir à mes clients.
Alors il y a 7 ans, j'ai rayé Mada de la liste de beaux endroits naturels à visiter. Pas parce que l'île n'est pas belle. Juste parce qu'elle n'a pas de sécurité et que touristiquement, elle est réservée aux aventuriers qui n'ont pas peur de ce type d'événements. On est loin du tourisme classique... » •