Des proches de l’ancien président malgache, Didier Ratsiraka, victimes de la crise post électorale de 2002, élèvent leur voix contre l’adoption de l’ amnistie sélective lors de la dernière conférence nationale, qui s’ est terminée le 18 septembre à Antananarivo, capitale de Madagascar.
En effet, la plupart des détenus et exilés politiques de l’ événement de 2002 commencent à élever leur voix afin de contrecarrer cette mesure. Samedi dernier, au Motel Anosy, dans la capitale malgache, quelques représentants de ces détenus politiques conduits par le général Jean Emile Tsaranazy, un ancien ministre du règne de Didier Ratsiraka, ont annoncé qu’ils vont contre-attaquer face à cette résolution. Cela risque de faire tache d’huile au microcosme politique malgache.
« 85% des participants au débat, dans la commission réconciliation nationale et amnistie, ont approuvé la nécessité d’ une amnistie générale. Proposée à la séance plénière, l’amnistie sélective a pris les dessus avec 85% des votes. C’est irréaliste et ne reflète pas les aspirations populaires pour vraiment sortir le pays de la crise », a avancé un exilé politique de quelques années en France, de retour dans le pays.
Nombreux sont les détenus politiques, de toute tendance, à ne pas bénéficier de cette amnistie sélective. Notamment ceux qui sont coupables de meurtre, de détournement de deniers publics, de corruption, ceux condamnés pour le crime de faux-monnayage ou encore pour association de malfaiteurs.
Bref, Marc Ravalomanana, le dernier chef d’Etat de la III ème République malgache lui-même condamné par la justice du régime transitoire actuel, risque de ne pas être le grand perdant de la dernière conférence nationale, en ce qui concerne l’amnistie. Il a déjà été exclu car la crise durant la période 2009/2010 n’a pas vu accorder une amnistie. Une longue liste de politiciens, prétendant même à la magistrature suprême du pays, serait disqualifiée de toutes les élections à venir.
Récemment, lors d’une conférence de presse organisée par les prétendants être les « autres sensibilités » du pays, Pety Rakotoniaina emprisonné durant le mandat de Ravalomanana pour détournement de deniers publics a déclaré que « contre vents et marées, il bénéficiera de cette amnistie, quelque soit sa forme ». Même credo pour Jean Eugène Voninahitsy, tous les deux membres de la direction collégiale de ces « autres sensibilités politiques », qui a été écroué à la grande maison de force de Tsiafahy.
Curieusement, qu’ils soient pro-Ratsiraka, pro-Ravalomanana ou même pro-Rajoelina, tous se disent victimes de décision politique, et se plaident non coupables face aux accusations dans lesquelles la justice leurs a été condamnées.
La liste, dit-on, est longue. On n’a pas évoqué le cas des Tantely Andrianarivo et Pierrot Rajaonarivelo, tous les deux anciens proches collaborateurs de l’amiral Didier Ratsiraka, lui- même encore en exil en France actuellement. Ils ont le droit de croire au revirement de la situation, s’ils tiennent en compte de la résolution sur le remplacement de tous les maires de la Grande Île durant la conférence nationale. Tout compte fait, c’est un climat d’apaisement qu’il faut réinstaurer dans le pays mais non pas une nouvelle crise. Mais dans le cas présent, l’amnistie sélective n’arrangera en rien la situation à gérer par l’actuel régime transitoire dirigé par Rajoelina. (Xinhua)