Le Premier ministre sortant de Madagascar, Camille Vital, qui avait remis sa démission la semaine dernière au nom de la nécessaire formation d'un gouvernement de consensus, a été reconduit dans ses fonctions, a annoncé mercredi l'actuel homme fort du pays Andry Rajoelina.
"Après avoir réfléchi profondément, regardé tous les aspects de la situation, surtout en ce qui concerne l'intérêt supérieur de la Nation, mon choix (de Premier ministre) s'est porté sur le général Camille Vital", a déclaré à la presse Andry Rajoelina, président de la Haute autorité de transition du pays.
M. Vital avait démissionné jeudi de son poste de Premier ministre, près de quinze mois après avoir été désigné par M. Rajoelina.
Cette démission avait suivi la signature la veille par huit formations politiques malgaches d'une "feuille de route" de sortie de crise prévoyant notamment la "nomination d'un Premier ministre de consensus" par M. Rajoelina.
Les groupes qui ont paraphé le document, présenté par le médiateur mozambicain Leonardo Simao, avaient alors proposé différents noms pour occuper le poste de chef de gouvernement mais M. Vital avait déclaré être candidat à sa propre succession.
M. Rajoelina avait reçu tous les prétendants au poste de Premier ministre lundi et mardi et a justifié son choix mercredi en décrivant M. Vital comme "un homme de consensus et d'union".
"C'est par rapport à mon bilan qu'on m'a choisi", a affirmé ce dernier.
La communauté internationale, prête à soutenir le nouveau processus, pourrait toutefois se montrer critique devant la reconduction de M. Vital.
"Ce n'est pas une bonne idée, cela ne présage rien de bon. Cette première décision va déjà à l'encontre de la feuille de route", a réagi un diplomate en poste à Madagascar.
"En terme d'affichage politique vis-à-vis de la communauté internationale et de volonté d'aller dans le sens du compromis, on aurait pu choisir mieux que Vital", a-t-il ajouté, expliquant que M. Vital était "considéré comme proche de M. Rajoelina" et appelant de ses voeux la formation d'un "vrai gouvernement d'union nationale".
"La communauté internationale est là pour observer, pour éviter qu'il y ait de la casse pendant les négociations. Elle devrait féliciter les Malgaches (...)", a estimé sur ce point M. Vital.
Le nouveau gouvernement de transition devrait être nommé dans les prochains jours. M. Rajoelina s'est engagé à "opérer une allocation juste et équitable des portefeuilles" entre les différentes parties prenantes de l'accord.
Impliquées depuis le début des négociations, les "trois mouvances" des anciens présidents Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy restent pour le moment à l'écart, même si de nombreuses personnalités de leurs camps ont choisi de rejoindre le processus.
L'approbation par une large part de l'échiquier politique malgache de cette "feuille de route" présentée par M. Simao constitue la dernière tentative en date de sortir Madagascar de l'impasse politique.
Madagascar, vaste mais pauvre île de l'océan Indien, est plongée dans une grave crise politique depuis le renversement en mars 2009 de l'ex-président Marc Ravalomanana par M. Rajoelina, alors maire d'Antananarivo et soutenu par l'armée.