Suivant la création d'un opéra contemporain réunionnais racontant l'arrivée des officiers de Louis XIV dans les îles de l'Océan Indien, L'Opéra du bout du monde a la particularité de joindre le documentaire historique au documentaire musical. Au fil des répétitions, Cesar et Marie-Clémence Paes mettent en scène les habitants de Madagascar racontant leur histoire coloniale, avant de découvrir l'opéra qui l'illustre – le premier opéra qu'ils auront l'occasion de voir.
Officiels, militaires, musiciens, simples habitants des îles : leurs récits se croisent pour faire apparaître un fascinant triangle culturel reliant La Réunion à Madagascar, Madagascar à la France, et la France à La Réunion. La mélodie particulière qui prend corps d'une vocalise à la suivante fait renaître la grande Histoire dans la petite, à travers les amours contrariées de la belle Maraina, que l'on soupçonne d'être enceinte du français Louis Payen.
Au fil de cette belle aventure documentaire, on regrette parfois le caractère assez conventionnel de la réalisation, centrée sur des effets de montage décalé un peu lourds (des plans de la campagne et des animaux qui la peuplent – assez jolis au demeurant – pour accompagner la musique d'opéra enregistrée pendant les répétitions).
Mais le sujet demeure passionnant, et le croisement culturel qui s'y fait voir tout à fait digne d'intérêt. La démarche, surtout, est belle : d'une rencontre à l'autre, d'une version de l'histoire à la suivante, on sent chez les réalisateurs comme chez ceux qui leur parlent une volonté partagée de faire fi des vieilles haines, pour composerensemble une ode chaleureuse au métissage et au mariage des cultures.
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