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lundi 21 janvier 2013

Ni-Ni : ni Mandela, ni de Gaulle.


Mea culpa. Sur la base de l’expérience de son comportement politique depuis janvier 2009, j’étais convaincu jusqu’à la dernière minute qu’Andry Rajoelina allait faire le forcing pour se présenter. Je n’ai pas hésité à vous faire part de cette opinion, et à ouvrir le pari. J’ai perdu le pari, car au final (et pour le moment), Rajoelina n’est pas candidat. Par conséquent,mea culpa.
Mais mea culpa à moitié seulement. Sur la base de la conviction qu’il allait se présenter envers et contre tout, il s’agissait donc de faire acte de résistance et de contribuer à inverser la tendance. Ayant peu de confiance dans la capacité du Grand hâtif à comprendre la portée d’un éditorial, fusse-t-il bien argumenté, la stratégie était donc de s’adresser à ceux qui avaient plus de moyens de faire pression sur lui. Deux axes ont donc été choisis. D’une part, annoncer comme une évidence certaine l’annonce de sa candidature, et en décrire les aspects les plus négatifs, afin que son entourage très proche ait un autre son de cloche que celui des griots habituels qui ne pouvait que le pousser à se présenter, pour leurs propres intérêts. À force de dire : « regardez bien, il va le faire, et il sera responsable de la catastrophe énorme », quelqu’un finira par ne plus avoir envie d’entendre cela, et même à y croire. Mais, plus important encore, il s’agissait de titiller continuellement la communauté internationale pour la mettre face à ses responsabilités. À force de dire : « regardez bien, la communauté internationale est une bande d’incapables à empêcher cela », cela a permis de renforcer les motivations à mettre plus de pression, et à enfin faire preuve d’un peu d’efficacité. Il était temps.
Pour aider le françafricain de forum à comprendre mon raisonnement tortueux, imaginons un instant que nous soyons dans un taxi-be conduit par un chauffard, et dont le comportement à chaque instant fait qu’il est probable qu’il va finir par nous précipiter contre un mur. Si un passager commence à dire de plus en plus fort aux autres que nous allons tous mourir, puis à houspiller le policier qui était parmi les passagers en lui disant qu’il est ridicule et impuissant à empêcher l’accident, que va-t-il se passer ? Il y a de fortes chances qu’une coalition va finir par se mettre en place pour forcer le chauffeur à s’arrêter ou à changer de comportement. Dans ce cas, quelle serait donc la plus grande satisfaction : que le chauffeur ne s’arrête pas et nous amène droit dans le mur, pour pouvoir dire après qu’on a eu raison ; ou avoir contribué par des manières détournées à empêcher que ce que l’on redoute n’arrive ?
Le résultat est là. Un éditorialiste n’est pas un journaliste, car il a pour fonction d’animer le débat d’idées à partir de ses propres opinions. Ceux qui s’apprêtent à dégainer l’accusation de honteux esprit manipulateur peuvent donc se rhabiller : la fin justifie les moyens. Sans aucun doute, des paramètres plus importants et des gens plus puissants ont eu plus d’influence que nos éditos, mais nous avons la conviction au sein de la rédaction de Madagascar-Tribune d’avoir fait une oeuvre de salubrité publique, et apporté notre part de contribution (et bénévolement en plus !) à ce qui nous semblait depuis toujours comme la meilleure solution : le ni-ni, dont l’Oncle Georges avait été le premier à décrire le concept sous l’expression TSZ3R. Par la suite, beaucoup de zanak’i Dada ont été outrés de mon éditorial qui soutenait le ni-ni, non pas comme une solution idéale, mais comme la moins pire possible. Quant à Patrick A., de par nos discussions en interne, je savais qu’il était un ni-ni-iste de la première heure.
Relisons donc une dernière fois ces quelques lignes de l’éditorial du 20 septembre 2010 : « Quand le moment sera venu, il démontrera la valeur de sa parole, comme il a démontré la valeur de sa signature après Maputo. J’ouvre le pari, et peu m’importe si je le perds : le pays sera gagnant ». En d’autres termes, face, je gagne, pile tu perds. Alors, quand je lis certains commentaires de baudets qui se sont hier ébaubis de prétendre qu’avoir perdu ce pari devait être pour moi un sujet de honte, je rigole dur. Il est vrai qu’on ne peut pas attendre d’un Vuze d’avoir la perspicacité d’unRasoulou : « Ils sont où Tonton, Ndimby, Patrick, et l’équipe de MT.....merci les gars, vos efforts ont porté des fruits. VIVE LE TSZRRR ou le « Ni....Ni.... » ! ».
De manière générale, je trouve que le discours de non-candidature de Rajoelina était d’assez bonne tenue, et qu’il était digne dans le fond et dans la forme. Bien sûr, on pourra toujours s’étonner de sa déclaration qui dit « J’ai tenu toujours parole et je respecterai toujours mes engagements », quand on compare ses promesses de démocratie et de bonne gouvernance [1]. On pourra toujours s’étonner de cette tentative de vouloir organiser des législatives avant les présidentielles, et se poser des questions sur les motivations derrière, dans la mesure où ce sujet a déjà été amplement discuté avant que le calendrier électoral n’ait été définitivement établi. On pourra rigoler de ses accents vaguement christiques de la fin : « Soyez rassurés que je ne vous abandonnerai jamais, je serai toujours là. Ne soyez pas tristes ». Il ne manquait plus que « prenez, ceci est mon corps, faites ceci en mémoire de moi ». Mais aujourd’hui, je m’efforcerai de ne pas faire un éditorial à charge contre le Président de la transition, dont je salue par ailleurs le courage, car j’imagine que sa décision n’a pas été facile, non seulement pour son égo hypertrophié, mais également par rapport à la pression de son entourage qu’il place devant un avenir inconnu, et pas nécessairement aussi rentable que maintenant.
Il y a également une phrase que j’ai quand même trouvée assez classe :« Je remercie également tous ceux qui m’ont harcelé et qui n’ont cessé de m’attaquer personnellement. Au contraire, leurs démarches m’ont poussé à faire mieux et davantage ». Je ne sais s’il place votre serviteur dans cette catégorie, mais s’il considère qu’avoir « fait mieux » signifie se retirer de la course à la présidentielle, nous ne pouvons que l’en féliciter. Et nous promettons également de faire plus dans le domaine des critiques jusqu’aux élections. Ceci étant dit, il y a quand même un point que nous aimerions clarifier. Depuis des années, des rumeurs fleurissent sur les intimidations et autres répressions dont auraient été victimes les membres de la rédaction de Madagascar-Tribune.com. Mon choix personnel de fermer le blog Fijery a également contribué à ces rumeurs, que j’ai laissé courir, dans la mesure où ça ne me dérangeait pas vraiment que l’opinion publique (et les lecteurs au sein de la communauté internationale) imagine à tort une violation de plus contre la liberté de la presse.
Mais aujourd’hui, je tiens à dire que depuis 2009, il n’y a jamais eu de la part du pouvoir hâtif une quelconque intimidation, pression ou autres actes contre la rédaction de Madagascar-Tribune.com, et cela même quand nous étions les seuls à nous dresser contre le coup d’État en mars, avril et mai 2009, alors que tous les autres médias (sauf Topmada.com) fermaient prudemment leur gueule en tenant leur queue entre les jambes. Patrick A. me rappelait d’ailleurs avec humour que le seul procès qui nous a été intenté depuis 2009 était l’œuvre d’un … pro-Ravalomanana (procès qu’il a d’ailleurs perdu, bien fait pour sa pomme dont il pourra faire un crumblesur ses fourneaux). Cela ne signifie pas que Rajoelina et sa clique ont été démocrates ailleurs, mais on reconnait qu’il l’ont été avec nous.
Ceci étant dit, ce qu’on peut éventuellement trouver comme mérite ou qualité à son discours ou à son acte de non-candidature ne l’absout aucunement de son coup d’État, et n’efface en rien ce qu’il a causé dans le pays. D’ailleurs, la qualité de son discours bien écrit a heureusement été vite effacée par l’aspect brouillon de ses réponses au micro de RFI, qui est plus conforme à ce à quoi l’homme nous avait habitués. Pour cause de volonté de non-agression aujourd’hui, je remettrai à plus tard l’édito sur son bilan. Je ne commenterai donc pas cette interview tragi-comique sur RFI, sauf sur un seul point. Andry Rajoelina prétend souvent avoir comme références des Grands hommes de l’histoire de l’humanité, et a déjà déclaré par le passé être inspiré par Gandhi ou Nelson Mandela. Il a donc encore récidivé la semaine dernière sur RFI. Alors là, nous lui disons encore une fois : « ni-ni ». Vous n’êtes ni Mandela, ni de Gaulle.

http://www.madagascar-tribune.com/Ni-Ni-ni-Mandela-ni-de-Gaulle,18368.html

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