Le bâtiment du théâtre municipal d’Ambatovinaky au premier plan
L'histoire du théâtre traditionnel malgache a été faite de haut et de bas. Malgré tout, il a toujours occupé le devant de la scène.
30 janvier 1944, le général De Gaulle lance un appel historique depuis Brazzaville. Sa déclaration, en cette période d'occupation allemande, est perçue dans les colonies comme un appel à la communion contre l'ennemi nazi qui, du coup, devient l'ennemi des « possessions d'Afrique » de la France. La fièvre de la liberté a atteint le monde et l'Afrique.
Il est 14 heures, Gaston Ravelomanantena se trouve aux alentours du Fumaroli, à Antaninarenina. Ce jour de l'année 1944 est très particulier. Apparemment, l'histoire de la planète est en ébullition. Celle de Madagascar, encore plus. Sur son trente-et-un, Gaston Ravelomanantena attend. Une pièce théâtrale, écrite par le dramaturge Dr Lala Samoely, intitulée « Ny fireneko », sera jouée au théâtre municipal d'Ambatovinaky. Une révolution.
Un art lucratif
Depuis toujours, le gouvernement colonial a interdit les élans de patriotisme pour toute pièce de théâtre. Aujourd'hui, Mbato Ravaloson, président de l'association des artistes du théâtre malagasy, commente cette époque. « Le pouvoir colonial à prohibé toute pièce parlant d'amour de la patrie. Tout ce qui évoquait des motifs de patriotisme était strictement interdit ».
Pourtant, le théâtre malgache a été un soutien non-négligeable pour la France occupée. « En pleine seconde guerre mondiale, une partie des bénéfices gagnés pour chaque pièce de théâtre jouée était envoyée en métropole pour soutenir l'effort de guerre. Un effet de la déclaration de Brazzaville. Comme cela a aussi été fait durant la première guerre mondiale ». D'autant plus que le théâtre pouvait nourrir largement son homme, ce qui constituait une ressource précieuse.
« À part les bals au Fumaroli, le théâtre était l'autre distraction prisée des Tananariviens. Le cinéma n'existait pas encore. Chaque jour, les troupes se démenaient pour pouvoir présenter une pièce ».
Gaston Ravelomanantena allume sa cigarette. Le spectacle, devant ses yeux mérite toute sa concentration de célibataire. Quelques minutes avant de rejoindre leurs places, les spectateurs, hommes et femmes, aiment flâner sur le Pergola d'Antaninarenina. Un vrai rituel, semblable au tapis rouge du festival de Cannes. « Le Pergola était un passage obligé pour chaque spectateur. Il lui permet de défiler et de dévoiler sa classe par les costumes. Durant cette période, une pièce de théâtre servait aussi de rendez-vous de la mode et de la haute et petite bourgeoisie tananarivienne », relate Mbato Ravaloson.
Une page est tournée
Cet engouement pouvait s'expliquer par le fait que le théâtre rendait vivace la langue malgache. « La discipline qui a permis de maintenir l'utilisation de notre langue a été le théâtre. L'usage du malgache était très pointu ».
Quelques jours après sa présentation, la pièce « Ny fireneko » a été censurée. La présentation a dû causer un vent de panique dans les hautes sphères du pouvoir. Les événements de 1947 n'ont fait que précipiter les choses. Le théâtre municipal d'Ambatovinaky servait de plus en plus de salle de réunion pour la lutte anti-coloniale. Fort d'une tradition étrangère, cet art a été pointé du doigt par la lutte nationaliste. Une position peu enviable pour la discipline qui se trouve, pour ainsi dire, entre le marteau et l'enclume.
En 1951, le théâtre municipal d'Ambatovinaky a été rasé sur ordre du pouvoir colonial. Le motif officiel évoqué : « délabrement des murs ». Le tournant d'une époque pour le théâtre traditionnel malgache. Faute de lieu, la discipline s'est peu à peu éclipsée du paysage culturel tananarivien.
Une ère plus populaire
La même année en 1951, le tranom-pokonolona à Analakely a été désigné pour accueillir de nouveau les pièces de théâtre. « Le quartier était très commercial », se souvient Mbato Ravaloson. Le théâtre revenait à ses habitudes. L'interdiction frappait encore les thèmes autres que l'amour, mais les Tananariviens en raffolaient
encore. Il a fallu attendre l'Indépendance pour que cet art retrouve ses lettres de noblesse. Le président de la 1ère République, Philibert Tsiranana, inaugure le 16 mai 1962 le théâtre municipal d'Isotry. « L'objectif était de rapprocher le théâtre à la population. L'art était autrefois considéré comme destiné aux privilégiés. L'ouverture du théâtre municipal d'Isotry ouvrait l'art à tous », se remémore Mbato Ravaloson.
La municipalité de l'époque a mis les bouchées doubles pour maintenir à flot le théâtre. « Au début, les troupes recevaient une subvention. Plus tard, c'était le local qui était tous les mois entretenu par le fonds municipal ». Le théâtre était au summum, avec une jeunesse retrouvée.
Après presque un siècle d'existence, le théâtre traditionnel malgache souffre de la disparition des pères de la discipline. « Il n'y a plus de dramaturge. Aucune nouveauté ni en histoire, ni en chanson, n'a plus vu le jour depuis la disparition des Andrianary Ratianarivo, Naka Rabemanantsoa ... ».
Plus d'un siècle d'histoire
Le théâtre dit traditionnel est un condensé de l'apport anglais et français. C'était en 1820 que les Anglais ont introduit le théâtre pour vulgariser le christianisme. Les spectacles « Hazo Noely » sont des héritages de ce passage. À cette époque, le théâtre était une discipline interdite en Angleterre. Ainsi, les missionnaires anglais n'osaient pas appliquer le nom de « théâtre » aux représentations. Des années plus tard, en 1896, les Français ont créé le « Théâtre des folies militaires ». Les représentations se sont jouées, pour la plupart, au palais d'Andafiavaratra. C'était la première fois que les Malgaches entendaient le mot « théâtre ». Cependant, peu de nationaux pouvaient accéder à ce lieu. Ceux qui avaient le privilège, ont été les pionniers du théâtre traditionnel malgache. Tselatra Rajaonah a été parmi les premiers dramaturges malgaches. Le 14 septembre 1899, le théâtre municipal d'Ambatovinaky a été inauguré. Le 22 septembre 1899, la pièce « Zefina sy Armand » de Tselatra Rajaonah a été la première pièce écrite et jouée en malgache, au théatre municipal d'Ambatovinaky. Cette période a été considérée comme le « Vanim-potoanan'ny fankalan-tahaka » ou la période du libre penseur.
Il est 14 heures, Gaston Ravelomanantena se trouve aux alentours du Fumaroli, à Antaninarenina. Ce jour de l'année 1944 est très particulier. Apparemment, l'histoire de la planète est en ébullition. Celle de Madagascar, encore plus. Sur son trente-et-un, Gaston Ravelomanantena attend. Une pièce théâtrale, écrite par le dramaturge Dr Lala Samoely, intitulée « Ny fireneko », sera jouée au théâtre municipal d'Ambatovinaky. Une révolution.
Un art lucratif
Depuis toujours, le gouvernement colonial a interdit les élans de patriotisme pour toute pièce de théâtre. Aujourd'hui, Mbato Ravaloson, président de l'association des artistes du théâtre malagasy, commente cette époque. « Le pouvoir colonial à prohibé toute pièce parlant d'amour de la patrie. Tout ce qui évoquait des motifs de patriotisme était strictement interdit ».
Pourtant, le théâtre malgache a été un soutien non-négligeable pour la France occupée. « En pleine seconde guerre mondiale, une partie des bénéfices gagnés pour chaque pièce de théâtre jouée était envoyée en métropole pour soutenir l'effort de guerre. Un effet de la déclaration de Brazzaville. Comme cela a aussi été fait durant la première guerre mondiale ». D'autant plus que le théâtre pouvait nourrir largement son homme, ce qui constituait une ressource précieuse.
« À part les bals au Fumaroli, le théâtre était l'autre distraction prisée des Tananariviens. Le cinéma n'existait pas encore. Chaque jour, les troupes se démenaient pour pouvoir présenter une pièce ».
Gaston Ravelomanantena allume sa cigarette. Le spectacle, devant ses yeux mérite toute sa concentration de célibataire. Quelques minutes avant de rejoindre leurs places, les spectateurs, hommes et femmes, aiment flâner sur le Pergola d'Antaninarenina. Un vrai rituel, semblable au tapis rouge du festival de Cannes. « Le Pergola était un passage obligé pour chaque spectateur. Il lui permet de défiler et de dévoiler sa classe par les costumes. Durant cette période, une pièce de théâtre servait aussi de rendez-vous de la mode et de la haute et petite bourgeoisie tananarivienne », relate Mbato Ravaloson.
Une page est tournée
Cet engouement pouvait s'expliquer par le fait que le théâtre rendait vivace la langue malgache. « La discipline qui a permis de maintenir l'utilisation de notre langue a été le théâtre. L'usage du malgache était très pointu ».
Quelques jours après sa présentation, la pièce « Ny fireneko » a été censurée. La présentation a dû causer un vent de panique dans les hautes sphères du pouvoir. Les événements de 1947 n'ont fait que précipiter les choses. Le théâtre municipal d'Ambatovinaky servait de plus en plus de salle de réunion pour la lutte anti-coloniale. Fort d'une tradition étrangère, cet art a été pointé du doigt par la lutte nationaliste. Une position peu enviable pour la discipline qui se trouve, pour ainsi dire, entre le marteau et l'enclume.
En 1951, le théâtre municipal d'Ambatovinaky a été rasé sur ordre du pouvoir colonial. Le motif officiel évoqué : « délabrement des murs ». Le tournant d'une époque pour le théâtre traditionnel malgache. Faute de lieu, la discipline s'est peu à peu éclipsée du paysage culturel tananarivien.
Une ère plus populaire
La même année en 1951, le tranom-pokonolona à Analakely a été désigné pour accueillir de nouveau les pièces de théâtre. « Le quartier était très commercial », se souvient Mbato Ravaloson. Le théâtre revenait à ses habitudes. L'interdiction frappait encore les thèmes autres que l'amour, mais les Tananariviens en raffolaient
encore. Il a fallu attendre l'Indépendance pour que cet art retrouve ses lettres de noblesse. Le président de la 1ère République, Philibert Tsiranana, inaugure le 16 mai 1962 le théâtre municipal d'Isotry. « L'objectif était de rapprocher le théâtre à la population. L'art était autrefois considéré comme destiné aux privilégiés. L'ouverture du théâtre municipal d'Isotry ouvrait l'art à tous », se remémore Mbato Ravaloson.
La municipalité de l'époque a mis les bouchées doubles pour maintenir à flot le théâtre. « Au début, les troupes recevaient une subvention. Plus tard, c'était le local qui était tous les mois entretenu par le fonds municipal ». Le théâtre était au summum, avec une jeunesse retrouvée.
Après presque un siècle d'existence, le théâtre traditionnel malgache souffre de la disparition des pères de la discipline. « Il n'y a plus de dramaturge. Aucune nouveauté ni en histoire, ni en chanson, n'a plus vu le jour depuis la disparition des Andrianary Ratianarivo, Naka Rabemanantsoa ... ».
Plus d'un siècle d'histoire
Le théâtre dit traditionnel est un condensé de l'apport anglais et français. C'était en 1820 que les Anglais ont introduit le théâtre pour vulgariser le christianisme. Les spectacles « Hazo Noely » sont des héritages de ce passage. À cette époque, le théâtre était une discipline interdite en Angleterre. Ainsi, les missionnaires anglais n'osaient pas appliquer le nom de « théâtre » aux représentations. Des années plus tard, en 1896, les Français ont créé le « Théâtre des folies militaires ». Les représentations se sont jouées, pour la plupart, au palais d'Andafiavaratra. C'était la première fois que les Malgaches entendaient le mot « théâtre ». Cependant, peu de nationaux pouvaient accéder à ce lieu. Ceux qui avaient le privilège, ont été les pionniers du théâtre traditionnel malgache. Tselatra Rajaonah a été parmi les premiers dramaturges malgaches. Le 14 septembre 1899, le théâtre municipal d'Ambatovinaky a été inauguré. Le 22 septembre 1899, la pièce « Zefina sy Armand » de Tselatra Rajaonah a été la première pièce écrite et jouée en malgache, au théatre municipal d'Ambatovinaky. Cette période a été considérée comme le « Vanim-potoanan'ny fankalan-tahaka » ou la période du libre penseur.
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