La confusion la plus totale règne dans le pays. Alors que la commission électorale ivoirienne a donné Alassane Ouattara vainqueur de la présidentielle, cette annonce surprise a aussitôt été rejetée par le Conseil constitutionnel qui a proclamé Laurent Gbagbo gagnant.
membres de la Commission Électorale Indépendante dépouillent les bulletins, Bouaké, 28 novembre 2010.
Un fauteuil présidentiel, deux prétendants, et peut être finalement deux vainqueurs. La Côte d'Ivoire court en effet tout droit vers la situation d'un pays avec deux présidents. D'un côté, Laurent Gbagbo, président sortant, candidat de La Majorité Présidentielle (Lmp), qui s'était déclaré candidat à 100%, président à 100%, et qui reste encore assis au palais présidentiel. De l'autre côté, Alassane Ouattara, ancien Premier ministre de feu le président Houphouët, candidat du Rassemblement des Républicains (Rdr). Il a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle ivoirienne avec 54,1% des voix, Le 2 décembre 2010, au cours d'une déclaration lue par le président de la Commission électorale indépendante (Cei), Youssouf Bakayoko, dans une salle de l'hôtel Golf, devenu depuis quelques jours le QG de la coalition de l'opposition en Côte d'Ivoire.
Un bicéphalisme naissant donc au sommet de l'Etat après cette élection, et qui était déjà perceptible vu les querelles au sein de la Commission électorale indépendante (Cei). Les commissaires de l'institution chargée d'organiser le scrutin présidentiel, notamment les commissaires proches du Rhdp et ceux proches de Lmp, avaient clairement affiché leurs divergences, là où les Ivoiriens attendaient d'eux qu'ils proclament les résultats provisoires de l`élection présidentielle. Chaque camp, ayant sous le manteau des résultats qui donnent son candidat vainqueur, et affichant sa détermination à les faire passer. Une atmosphère électrique qui a même donné lieu à des échanges musclés entre ces commissaires devant des cameras de télévision, avec à la clé des procès verbaux déchirés par le représentant de Lmp.
Une situation d'impasse totale, qui a donné naissance à l'imbroglio d'hier et qui plonge par conséquent le pays dans l'Incertitude totale. La Côte d'Ivoire qui sortait donc d`une situation de crise militaro-politique, et qui espérait entrer dans une nouvelle ère de paix à l'issue de ces élections, semble davantage s'enfoncer dans la crise. L'annonce de la victoire d'Alassane Ouattara par Youssouf Bakayoko, qui a été cassée quelques instants plus tard par le président du Conseil constitutionnel. Paul Yao N'Dré, plante en effet le décor d`un prochain bras de fer entre les deux candidats Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Le professeur Yao N'Dré, a fait une déclaration hier à la télévision nationale, indiquant que la Cei est désormais incompétente à proclamer les résultats des élections, pour avoir épuisé son délai de trois jours en la matière. Il a précisé qu'il revient désormais à l'institution qu`il dirige de proclamer les résultats définitifs de cette élection, remettant ainsi en cause ceux annoncés par le président de la Cei. Ce qui maintient encore Gbagbo au pouvoir jusqu'à la proclamation des résultats définitifs. De leur côté, les dirigeants et les militants du Rhdp croient détenir le bon bout. Ainsi que l'a déclaré Albert Mabri Toikeusse, le porte-parole du candidat Alassane Ouattara, "cette victoire ne nous échappera pas".
Les mêmes sources informent que le Rhdp se prépare à fêter cette victoire provisoire aujourd'hui même. Une façon de dire à l'adversaire que c'est acquis. Côté Lmp, d'autres sources notent que l`actuel président de la République, Laurent Gbagbo, affiche une grande sérénité face à tout ce qui se passe, confiant qu'il est à la barre, et compte bien y rester. "Il faut que les Ivoiriens restent sereins. Ce qui s'est passé n'a rien à voir avec la réglementation en vigueur en Côte d'Ivoire. Nous, nous suivons la loi, et elle dit que c'est le Conseil constitutionnel qui donne les résultats définitifs des élections. Nous attendons donc et nous sommes sereins", nous a déclaré un proche du chef de l`Etat. La situation paraît explosive et le moins que l'on puisse dire, c`est que la Côte d'Ivoire pourrait présenter l'image d'un pays avec deux présidents, l'un encore au pouvoir et l'autre déclaré vainqueur des élections par les résultats provisoires.
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