Deux Généraux et un Colonel, incarcérés à Tsiafahy dans le cadre de l’affaire de la Base aéronavale d’Ivato (Bani), ont envoyé une lettre aux Ambassadeurs accrédités à Madagascar et au chef de file du comité de médiation auprès du Groupe international de contact, Joaquim Chissano. Une occasion pour ces hommes en uniforme de donner leurs versions sur les tenants et aboutissants de la mutinerie de quelques Officiers, le 17 novembre dernier.
De la maison de force de Tsiafahy, le Général de Brigade Jean Heriniaina Raoelina, le Général de Brigade Noël Girardin Rakotonandrasana et le Colonel Assolant Coutiti ont écrit une lettre (manuscrite) aux Ambassadeurs accrédités à Madagascar ainsi qu’à l’émissaire de la Sadc (Southern african development community), ou la Communauté de développement d’Afrique australe, Joaquim Chissano. En date du 6 décembre 2010, c’est dans cette missive de 5 pages que ces trois Officiers de l’Armée essaient d’apporter leurs versions des faits de l’évènement du 17 novembre dernier, le jour du Référendum constitutionnel. A titre de rappel, c’était ce jour - là qu’une vingtaine d’Officiers, appuyés par quelques hommes de troupes, ont déclaré la suspension des Institutions de la Transition et la mise en place d’un Comité
militaire de salut public, ou Cmsp. Après trois jours de négociations infructueuses au camp de la Bani sis à Ivato, menées par des Officiers Généraux et des émissaires du Conseil œcuménique des églises chrétiennes, ou Ffkm, les éléments de la Force spéciale d’intervention (Fis), sous le commandement du Colonel René Lyllison, et de la Garde présidentielle ont pris d’assaut la caserne où se sont retranchés les éléments mutins. Mais, fort heureusement, il n’y avait ni blessés ni pertes en vies humaines. Arrêtés, tous les militaires inculpés sont placés sous mandat de dépôt à la maison de force de Tsiafahy et à la prison centrale d’Antanimora. L’affaire est toujours en instruction au niveau du Doyen des Juges d’instruction. Les prévenus ont été déjà convoqués à Anosy pour une enquête à fond.
Des révélations ?
Dans leur lettre, les leaders des Officiers mutins essaient de justifier leur geste comme une prise de responsabilités devant la crise politique en se référant à l’atelier à Ankerana (Antananarivo) avec la participation des grands ténors des hommes en treillis. L’objectif, selon les auteurs de cette lettre, était de « créer un climat d’apaisement au sein des Forces armées » et de « réconcilier les militaires de toutes sensibilités confondues… ».
Par ailleurs, ils ont également révélé que des rencontres avec des Chefs militaires et des hauts responsables ont été organisées, mais en vain. Pour plus de précision, les auteurs de la fameuse lettre ont évoqué des dates et des heures de rencontres avec quelques responsables militaires, « y compris le Chef d’Etat - major général de l’Armée, le Général André Ndriarijaona ».
Pour étayer leur thèse, les Raoelina, Rakotonandrasana et Coutiti ont tenu à souligner que « tous les recours dans la recherche d’une solution de réconciliation au sein des Forces armées, partie prenante dans la crise politique actuelle, ont été épuisés ». A leurs yeux, il s’agit d’un geste des Officiers Généraux et supérieurs. Raison pour laquelle, des suspects ont réclamé la présence du Cemgam lors de leur enquête à fond auprès du Doyen des Juges d’instruction. Mais, rien n’a filtré lors de la confrontation entre le Lieutenant - Colonel Charles Andrianasoavina et le Cemgam. Les auteurs de la lettre ont également dénoncé l’acquittement d’un Colonel qui, selon eux, est impliqué dans cette affaire de la Bani. En tout cas, l’enquête suit son cours normal et on connaîtra les tenants et aboutissants de cette affaire au cours du procès dont la date n’est pas encore fixée. Pourquoi les trois Officiers n’ont - ils pas adressé leur lettre au magistrat en charge du dossier pour que la vérité soit établie au lieu de l’envoyer aux diplomates ? A ce rythme, l’affaire sera transposée sur un terrain, autre que judiciaire. Pour l’instant, aucun Ambassadeur n’a encore réagi, du moins d’une manière officielle. Leur cas sera – t - il discuté ou non lors des négociations pour la mise en place d’une Transition consensuelle. Quoi qu’il en soit, certains d’entre eux ont déjà été condamnés pour d’autres affaires.
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