A partir de 8 000 Ar/kg, la viande n’est pas à la portée de la grande majorité des familles malagasy, même pour Noël.
Il en est de même pour les poissons, les poulets et même pour les œufs. Dans la capitale, les prix des œufs ont déjà annoncé leurs couleurs plusieurs semaines avant les festivités de fin d’année. Ils étaient entre 350 et 400 Ar. Mais à la veille de Noël, l’unité se vendait facilement entre 400 et 450 Ar dans plusieurs quartiers de Tanà. Comme quoi, toutes les sources de protéines sont hors de prix pour les ménages malagasy dont la moitié des actifs perçoit 50 000 Ar par mois d’après les données du Centre de recherche, d’études et d’analyse économique à Madagascar (CREAM). Il est impossible de s’acheter, même une demi-kilo de viande à 4 000 Ar, quand on a un revenu de 50 000 Ar par mois. Ce n’est donc pas étonnant si on voit des adolescents s’exclamer de joie et saliver devant des beaux morceaux exhibés par des gargotes à la veille de Noël. Quant aux bûches de Noël, le prix démarre à 5 000 Ar. Mais là aussi, seuls des ménages relativement aisés y ont accès et ils sont peu nombreux.
Pour les produits de la mer, des poissonneries affichent des prix allant jusqu’à 24 000 Ar/kg pour les camarons, soit près de la moitié du revenu mensuel de la moitié des actifs dans le pays. Pour les poissons comme la sole et le capitaine, le kilo est à 8 000 Ar. Comme quoi, les produits de la mer sont aussi un luxe, alors que dans les années 90, les lavandières et manœuvres avaient encore facilement accès à ces produits avec des poissons tout venant à 600 Ar/kg, contre 4 000 Ar à l’heure actuelle. Et on ne parle pas des jouets et nouveaux habits pour les enfants qui constituent pourtant l’une des traditions de Noël. Pour les jouets, les produits chinois offrent quand même toute une large gamme dont des sifflets à 100 Ar. Il n’en est pas ainsi des nouveaux vêtements. Si dans la vie quotidienne, les mères de famille n’hésitent pas à vêtir de friperies les membres de leur famille, elles préfèrent attifer leurs enfants de nouveaux habits à Noël. Mais la longue crise a raison de la bourse familiale. Résultat : de nombreux enfants n’ont pas éprouvé la joie d’endosser de nouveaux habits à Noël.
Certes, des théoriciens internationaux du BoP (« Bottom of the pyramid) estiment que c’est une erreur d’ignorer les pauvres en termes de commerce, mais à Madagascar, la pauvreté est telle que 77% de la population n’ont même pas de quoi satisfaire leurs besoins fondamentaux. Ceux-ci concernent une alimentation correcte, la scolarisation des enfants, les soins médicaux, etc. Notons que les théoriciens du BoP dont C.K. Prahalad, encouragent les entreprises à se tourner vers les pauvres et à compter ainsi sur l’effet volume. Des multinationales s’y essaient en installant, par exemple, des petites unités industrielles dans des pays pauvres et dont les prix des produits sont nettement moins chers qu’en Occident. Sinon, elles adoptent de nouveaux modes de distribution, soit le porte-à-porte ou la vente dans la rue. A Madagascar, ces options existent déjà sauf qu’elles concernent des produits importés et souvent des produits hors normes et qui peuvent présenter des dangers pour les consommateurs.
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