Alain Ravainosoa, un homme « droit, juste, réglo » pour certains, un « jaloux maladif » pour d’autres. Dessin Christophe Busti
Premier jour du procès en appel d’Alain Ravainosoa, hier à Chalon-sur-Saône. Le chauffeur de Divia continue de nier le meurtre de sa maîtresse, Géraldine Page.
«Je ne suis pas responsable de la mort de Géraldine Page. »
La voix est fluette, mais ferme. Alain Ravainosoa reste fidèle à sa ligne de défense et M e Emmanuel Touraille plaidera un acquittement. La voix est ferme lorsqu’il s’agit d’évoquer les aspects les plus sympathiques de la personnalité de l’accusé. Et ils ne manquent pas. Alain Ravainosoa, l’homme à qui le partenaire de tennis « donne le bon Dieu sans confession » ; l’ami « qui a toutes les qualités que l’on cherche chez un ami : droit, juste, réglo, un homme sur qui on peut compter. » Même sa femme, d’une grande dignité, trace de lui le portrait quasi idyllique du « bon mari, bon père, bon frère et bon ami ».
Condamné à 25 ans de prison à Dijon
La voix est fluette mais mollit dès que l’accusé est bousculé. Les mots butent soudain, peinent à sortir, sans que ses origines malgaches n’en soient responsables. L’élocution de l’accusé connaît des fortunes diverses au gré du flux et reflux d’une audience consacrée à sa personnalité. Comme si elle était consciente du danger qui guette à trop se pencher au dedans. « Violent », « jaloux maladif ». Voilà aussi ce que d’autres témoins ont dit à la barre. Et Alain Ravainosoa emberlucoque la cour et les jurés.
Mais le plus grand ennemi de l’homme qui est dans le box est probablement lui-même. Condamné à 25 ans de prison à Dijon, il tente de faire bonne figure. Mais il en fait trop et se pare d’atours qui sont un peu trop clinquants pour lui. Se donne le beau rôle. Il ne reste pas grand chose pour Géraldine. Les larmes ne lui viennent pas à l’évocation de la jeune femme. Elles sortent lorsqu’il parle de sa mère, qui le « chouchoutait » à Madagascar.
Surtout, il y a la relation avec Géraldine, dont il dessine, en creux, les troubles reliefs. Alain Ravainosoa a cloisonné sa vie. Sa femme a expliqué qu’elle se doutait bien, et cela depuis son mariage, qu’elle avait épousé un trousse-chemise. « Mais il a toujours fait passer sa famille avant ses aventures », a-t-elle expliqué. Le couple fonctionnait ainsi. Carole, l’épouse, la mère des trois enfants dont tout le monde admire la bonne éducation. Et puis Géraldine, la maîtresse qu’il a eue pendant quinze ans, qu’il emmenait au McDo et traîner les magasins de sport, sa passion. A lui.
Dans son genre, c’est un homme fidèle. Fidèle et jaloux : c’est le sens de plusieurs témoignages livrés hier à la barre. Il ne fallait pas que d’autres yeux se portent sur la blonde Géraldine, de quinze ans plus jeune que lui. Ils s’étaient rencontrés dans le bus de nuit. Elle est amoureuse. Lui, a souvent varié dans ses déclarations. Dans une audition, il ne l’a considérait que comme une partenaire sexuelle. Mais hier, il a redit tout son amour pour elle. Une relation complexe, y compris pour elle.
Géraldine voulait rompre
Et la voix fluette se fait persifleuse. Géraldine, la jeune Géraldine, avait « bien des défauts ». C’était une libertine, à l’en croire, adepte des jeux sado-masos. Dont l’étranglement. Ce qui explique le drame du 28 janvier 2010.
Les derniers jours de sa vie, Géraldine semblait aux abois, traquée, selon ses collègues et amies. Elle voulait rompre. La veille de sa mort, elle dépose une main courante au commissariat contre Alain, qui, dit-elle, la harcèle. Elle a programmé son déménagement pour le week-end. Le jeudi matin, à 5 heures, on la retrouvait morte dans son appartement de la Toison-d’Or.
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