Expédiée en deux jours de procès, la condamnation de Marc Ravalomanana risque de constituer un nouvel obstacle aux tentatives de sortir l’île de plus d’un an et demi de crise politique. M. Ravalomanana, qui vit en exil en Afrique du Sud depuis son éviction du pouvoir par Andry Rajoelina en mars 2009, a été condamné samedi par contumace par la cour criminelle ordinaire d’Antananarivo pour son rôle dans la tuerie du 7 février 2009.
« Un verdict stupide et ridicule ». C’est ainsi que Marc Ravalomanana, a qualifié samedi le dénouement de son procès sur la tuerie du 7 février 2009. Ce jour-là, la garde présidentielle avait tiré sans sommation sur une foule qui se dirigeait vers le palais abritant les bureaux du président Ravalomanana, dans le centre de la capitale, pour y porter le Premier Ministre désigné par Andry Rajoelina. Ce drame avait fait 30 morts et une centaine de blessés.
Condamné aux travaux forcés à perpétuité, l’ancien président malgache a dénoncé un procès politique qui a pour but de « l’empêcher de (se) présenter à la prochaine présidentielle » et de « troubler les pourparlers en cours en ce moment à Madagascar ». Pour Fetison Andrianirina, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana, ce jugement va « compliquer la résolution de la crise ».
Avis partagé par un diplomate occidental, qui, notant la rapidité du procès, confiait sous couvert d’anonymat dimanche à l’AFP : « Je suis perplexe sur le télescopage entre ce procès, qui mérite une enquête approfondie, et les réunions politiques sur la gestion de la transition ». Pour manifester leur désapprobation par rapport à la condamnation de M. Ravalomanana, les trois mouvances de l’opposition, menées par les trois anciens présidents Didier Ratsiraka, Albert Zafy et Marc Ravalomanana, ont promis de boycotter les concertations qui se poursuivent ce lundi dans la capitale malgache. Une action politique initiée il y a quinze jours par Andry Rajoelina afin d’essayer de sortir de la crise politique que connait le pays depuis un an et demie.
Marc Ravalomanana en appelle à la communauté internationale
Les initiateurs de cette tribune de dialogue ont d’ores et déjà indiqué que la table ronde se poursuivra avec ou sans la présence de l’opposition. La condamnation de Marc Ravolomanana semble ainsi illustrer ce qui apparaît dès lors comme un simulacre de concertation, qui ne prend pas en compte l’opposition. De plus, ce procès, que les trois mouvances voulaient voir suspendu durant les négociations entre les différents partis, ne semble pas avoir été mené de la manière la plus juste qu’il soit : une durée éclair de deux jours et une nuit, absence des avocats des accusés, vision unilatérale du drame - certains observateurs (notamment Ndimby A. dans un éditorial de Madagascar-Tribune) pensent que les personnes (dont Andry Rajoelina) qui ont initié le mouvement de foule vers le palais du président pour le soulever ont également leur part de responsabilité dans le drame. Autant d’éléments qui ont fait dire à l’issue du procès à l’avocate de l’ex-président, Me Razafimanantsoa, qu’il y avait une « violation flagrante des droits de la défense ».
Interrogé par Reuters samedi, Marc Ravalomanana en appelle à la communauté internationale d’intervenir dans la crise. « Ces accusations devraient être déclarées nulles et non avenues. C’est l’œuvre d’un régime qui abuse de sa position pour mener des vendettas politiques. Je demande à la communauté internationale de condamner cette situation et d’intervenir dans cette crise », a-t-il déclaré.
La sortie de crise politique promise par Andry Rajoelina n’est pas prête de se profiler. Bien au contraire, en essayant de museler ses adversaires, le président de la Haute Autorité de la Transition (HAT), ne fait qu’exacerber les tensions entre les différents partis malgaches.
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