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jeudi 10 juin 2010

Madagascar: l'économie à bout de souffle, l'Etat privé d'aide internationale

ANTANANARIVO — Chantiers en panne, consommation en berne et multiplication des petits boulots: l'économie de Madagascar tourne au ralenti en raison de la crise politique, qui a entraîné la suspension des aides internationales, dont récemment celle de l'Union européenne.

"C'est la déconfiture totale, la machine se grippe. Tout tourne au ralenti!", s'alarme sous couvert d'anonymat un fonctionnaire international, expert en économie.

L'interminable crise politique malgache, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 de Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina, a de graves répercussions économiques sur la Grande île, dont le budget est normalement financé pour moitié par l'aide internationale.

En suspendant cette semaine son aide au développement, l'UE prive Madagascar du 10e Fonds européen de développement (FED) qui devait injecter 588 millions d'euros sur cinq ans.

Avant l'UE, ce sont la Banque Mondiale, le FMI, le PNUD et la Banque africaine de développement qui avaient suspendu leur aide.

Le maintien des projets en cours a tout de même permis de décaisser 300 millions d'euros l'an passé, mais ce chiffre n'équivalait déjà pas à la moitié de l'aide apportée en 2008.

"Et ce sera beaucoup plus bas cette année", commente le fonctionnaire international déjà cité.

La loi de Finance 2010, adoptée par ordonnance, avait tablé sur l'apport de l'argent international. L'Etat doit désormais se contenter de ses propres ressources, à peine 40 millions d'euros par mois, soit deux fois moins qu'en 2008.

Cet argent permet de payer les fonctionnaires, mais ne suffit pas à faire fonctionner les services publics. "Dans les ministères, il n'y a plus de papier, plus d'encre. Et dans les hôpitaux, il n'y aura bientôt plus de matériel médical", constate l'expert international.

Le secteur du BTP est particulièrement affecté, alors qu'environ 40% du 10e FED, soit 240 millions d'euros, étaient consacrés aux infrastructures.

"En 2009, les entreprises qui travaillaient avec les grands projets miniers (de Sherritt et Rio Tinto) avaient au moins pu maintenir une bonne activité. Cette année, c'est l'effondrement général", constate Jérôme Bellemin, secrétaire général du syndicat du BTP.

Selon ses estimations, la chute d'activité du secteur a été de 70% l'an dernier, avec "au moins 20.000 personnes mises au chômage".

La suspension de l'AGOA, marché préférentiel américain dont profitaient des dizaines d'entreprises textiles en zone franche, et l'arrêt des activités du groupe Tiko (propriété de M. Ravalomanana), ont aussi provoqué la perte de dizaines de milliers d'emplois.

Certains chômeurs se sont reconvertis en vendeurs à la sauvette de produits chinois bon marché, envahissant les rues d'Antananarivo. A tel point que la mairie a décidé de fermer une artère à la circulation pour leur permettre de s'installer.

Le président du Groupement des entrepreneurs nationaux malgaches (FIVMPAMA), Herintsalama Rajaonarivelo, constate lui aussi "un impact négatif qui va crescendo" même s'il veut croire à la "faculté d'adaptation des Malgaches".

En 2008 déjà, les bailleurs avaient gelé leur aide budgétaire à Madagascar pour des soupçons de mauvaise gouvernance du régime de M. Ravalomanana. Les négociations pour régler le problème ont été de facto gelées par l'arrivée au pouvoir de M. Rajoelina.

Les dirigeants malgaches recherchent aujourd'hui de nouvelles sources de financements. Fin mai, le gouvernement a annoncé accorder un permis de recherche sur la mine de fer de Soalala au consortium chinois WISCO, qui pourrait faire entrer jusqu'à 100 millions de dollars dans les caisses de l'Etat.

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