Les Malgaches attendaient impatiemment samedi les premiers résultats de l’élection présidentielle de vendredi qui arrivaient au compte-gouttes, alimentant les craintes de fraude, dans ce pays qui espère sortir d’une grave crise qui le mine depuis quatre ans.
Les données officielles publiées à 13H00 (11H00 GMT) ne concernaient que 155.000 des 7,8 millions d’électeurs inscrits, soit 1,99% du corps électoral. La Commission électorale nationale indépendante pour la transition (Cenit) n’avait alors rendu publics que les résultats de 431 bureaux de vote sur 20.001.
Ces résultats très partiels du premier tour, publiés samedi matin, mettent en tête Robinson Jean Louis, le candidat de l’ex-président Marc Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud, qui n’a pu se présenter lui-même à l’élection.
M. Jean Louis a appelé ses partisans à se rassembler dans les ruines d’un ancien hypermarché appartenant à M. Ravalomanana, détruit pendant les événements de 2009.
Il est suivi par Hery Rajaonarimampianina, l’ancien ministre des Finances de l’actuel président de la Transition malgache, Andry Raoelina. Celui-ci n’avait officiellement pas désigné de favori, mais son entourage a activement soutenu M. Rajaonarimampianina.
«C’est un peu inquiétant, cette lenteur», relève Mialy Rakatoarizafy, une bijoutière d’Antananarivo. «Les gens ont hâte de savoir! Plus ils seront lents, plus il y aura des risques de fraudes. J’ai un peu peur.»
«Vu les technologies qu’on a aujourd’hui, on devrait pouvoir accélérer le processus de publication des résultats. Ca restaurerait la confiance entre les candidats», estime Emile Rarivo, un retraité.
Il estime des fraudes possibles, mais souligne que «tout le monde veut la paix».
Pour lui comme pour la plupart des Malgaches, la présidentielle est un premier pas pour sortir de la grave crise politique, économique et sociale dans laquelle leur pays, mis au ban des nations, est plongé depuis le renversement du président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina en 2009.
Un observateur occidental familier de la surveillance des élections ne veut pas s’alarmer de la lenteur de la publication des résultats. «Pour l’instant, je ne m’inquiète pas. Que le lendemain des élections il n’y ait rien, c’est normal», a-t-il indiqué à l’AFP. «Si ça prend plus d’une semaine, alors oui, je commencerai à m’inquiéter.»
«C’est la validation des procès verbaux qui prend du temps», a expliqué à l’AFP la porte-parole de la Cenit, la commission électorale, Valérie Andrianavalona. Ceux-ci doivent être centralisés dans des centres régionaux, scannés et envoyés à la Cenit.
«C’est au cours de la journée (de samedi) que les résultats commenceront à sortir vraiment», a-t-elle ajouté.
Il faudra sans doute une semaine pour avoir les résultats définitifs, selon la Cenit, qui estime que la participation a atteint près de 60%.
Sahondra Rabenarivo, une politologue malgache, s’impatiente, calculant qu’à ce rythme il faudra 83 jours pour avoir l’ensemble des résultats... «Moi je veux bien qu’ils vérifient les PV (procès verbaux), mais ils devraient sortir d’abord les résultats provisoires sans recouper. Les résultats définitifs, c’est ça qui a besoin de recoupement.»
«Et quand ils disent tant de bureaux de vote, ils ne disent pas lesquels, et nous on aimerait voir les résultats bureau par bureau», soupire-t-elle.
Le scrutin s’est plutôt bien passé vendredi, selon les observateurs étrangers, malgré quelques incidents isolés et des difficultés matérielles finalement moins importantes qu’ils ne le craignaient.
Les analystes et observateurs interrogés par l’AFP s’accordent tous à dire qu’un second tour sera nécessaire, aucun des 33 candidats en lice n’étant a priori en mesure d’être élu dès le premier tour. Il doit être organisé le 20 décembre, avec des élections législatives.
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