En publiant les résultats des travaux de réflexion de ses experts sur l’économie de Madagascar, le bureau de la Banque mondiale propose une base concrète pour construire un débat d’idées. Pauvreté, mauvaise gouvernance d’un côté, richesses naturelles et fort potentiel d’un autre côté, le but est d’introduire de manière saine l’économie dans la politique.
Associer l’économie à la politique n’est pas politiquement correcte. Cette idée reçue est remise en cause car l’absence de débats politiques sur les sujets y afférents s’est avérée néfaste pour l’économie. En clair, les économistes de la Banque mondiale estiment que Madagascar a cruellement manqué de politique économique, ce qui explique en partie son retard en matière de développement. C’est une reproche très diplomatique envers les anciens dirigeants, y compris l’actuel, mais aussi une interpellation des futurs dirigeants. Pour Adolfo Brizzi, country manager de la Banque mondiale à Madagascar, « la connaissance et l’analyse des expériences sont également un élément primordial du processus de développement», estimant qu’il ne faut pas se focaliser sur les financements.
Le constat est sans appel, Madagascar est passé à côté de son développement malgré ses richesses naturelles et en ressources humaines. Ce potentiel inexploité laisse toutefois une marge de progression si les erreurs du passé sont rectifiées. Parmi ces erreurs qui ont conduit le pays dans la pauvreté et la régression économique, les experts de la banque mondiale pointe du doigt les mauvaises décisions politiques prises par les gouvernements successifs et qui ont ralenti la croissance au lieu de l’accélérer.
Le bilan n’est pas brillant après 50 ans de gouvernement malgache. En 2010, deux habitants sur trois vivent sous le seuil de la pauvreté, soit avec moins d’un dollar par jour. La situation est similaire à celle des années 1980. Les instabilités politiques qui engendrent régulièrement des crises économiques dans le pays ont limité les effets du développement. En 2009, le PIB de Madagascar a régressé de 8% contre 15% en 2002. Cet écart s’explique par la conséquence désastreuse des barrages économiques instaurés par les partisans de Didier Ratsiraka, il y a huit ans de cela.
Les chiffres avancés par la Banque mondiale laissent perplexe. Entre 2003 et 2008, le PIB de Madagascar n’aurait augmenté que de 3,4%. Cette petite performance se répercute sur le PIB des ménages qui ne gagne que 3 à 5%. Cette période a pourtant été marquée par d’importants investissements publics. La détérioration de la situation générale est accompagnée par l’apparition de nouveaux riches qui creusent encore plus le grand écart entre les pauvres et les riches.
La Banque mondiale attribue la mauvaise performance économique de Madagascar à des mauvaises décisions des dirigeants. Le pays ne tire pas profit de son potentiel en matière de biodiversité et de ressources minières. Les infrastructures de communication et les indices de développement humain sont toujours les points faibles du pays. L’utilisation de la terre et la mauvaise politique foncière sont considérés comme des freins au développement. Madagascar est toujours vulnérable face aux menaces de catastrophes naturelles.
Madagascar vers un agenda de relance économique, c’est le titre du recueil des 21 notes établis par une trentaine d’experts de la Banque mondiale. L’institution se défend de donner des leçons et la démarche n’est pas officielle puisque le gouvernement qui n’est pas reconnu par la communauté internationale n’a pas été impliqué. Ces notes sont proposées pour être une base de discussion dans les débats économiques à venir. Elles mettent en exergue les faiblesses et les forces du pays.
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