Une étoile est née ! Fleurissant pour la première fois au Jardin botanique de Nantes (44), L’étoile de Madagascar (Angraecum sesquipedale) est une orchidée endémique de Madagascar. Fleurie depuis quelques jours, elle trône fièrement dans la serre équatoriale.
Cette plante vivace, épiphyte (qui pousse sur les arbres sans les parasiter) ou plus rarement lithophyte (qui pousse sur les roches), est originaire des forêts côtières de la Côte Est. Ses hampes florales portent de une à trois fleurs blanches, légèrement verdâtres au doux parfum nocturne. Elles forment une grande étoile à six branches. A la base du pétale inférieur, part un grand éperon de 25 à 30 cm de long dont la base est remplie de nectar.
Cette floraison exceptionnelle est visible lors de la visite (gratuite) des serres du jardin des plantes jusqu’à la fin du mois d’avril.
Pour la petite histoire, c’est justement la morphologie de la fleur qui a attiré l’attention de Charles Darwin en 1862 : Dans plusieurs fleurs que m’a envoyées Mr. Bateman, j’ai trouvé des nectaries de onze pouces et demi de long, avec seulement le pouce et demi inférieur rempli d’un nectar très doux. [...] Il est cependant surprenant qu’un insecte soit capable d’atteindre le nectar : nos sphinx anglais ont des trompes aussi longues que leur corps ; mais à Madagascar il doit y avoir des papillons avec des trompes capables d’une extension d’une longueur comprise entre dix et onze pouces !
Tournée en dérision au début, cette prédiction se trouva renforcée par la découverte de papillons de nuit présentant ces caractéristiques au Brésil (Hermann Müller, 1873) puis par les recherches d’Alfred Russel Wallace qui proposa Xanthopan morgani comme pollinisateur potentiel en 1871. Ce n’est finalement qu’en 1903 que la sous-espèce Xanthopan morgani praedicta ("praedicta" parce que prédit par Darwin) fut décrite par Lionel Walter Rothschild (1868-1937) et Karl Jordan (1861-1959). Au repos, la trompe de ce papillon est enroulée 20 fois sur elle-même !
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